Eric BROGNIET, Sahariennes suivi de Célébration de la lumière, Al Manar2015, 72p., 15€.

Le poète de « Le feu gouverne » poursuit inlassablement sa radioscopie des éléments. Le désert, la lumière « noire », « la fournaise du ciel » sont des signes qui explorent cet univers de matières, dont il faut dire tout à la fois le peu, l’incision dans l’espace et la forme poétique choisie sert bien le propos.
« Sahariennes » propose une quarantaine de tercets d’une densité parfois glaçante, pour exprimer cette suspension des espaces pris sous la chape de la chaleur, les « empreintes des caravanes », comme les « graphies » d’éléments mobiles, chahutés par les simouns.
Les sizains (essentiellement) de « Célébration de la lumière » prennent davantage de temps pour dire aussi « l’air brûlé dans le bleu », les « sentiers pleins d’air », « « l’air où rien ne remue », ainsi que les « sables de lumière arasés ».
Un lyrisme mesuré ordonne cette seconde partie d’un livre soigné, qui offre, du désert, des palmes, et du parfum « des amandiers », et ce « noir soleil (qui) toujours nous tanne ».
Brogniet se livrerait-il, sous la métaphore ardente, à une forme de portrait ? Le dernier vers semble nous dire tout le remuement d’un sang qui sait aussi jouir de l’instant, de sa « belle ».

Philippe Leuckx