Jean-Philippe Querton, Chimères bleues , Cactus Inébranlable éditions, 2015, 82p., 7€.

 Maître ès aphorismes et autres pensées sauvages, Querton est de ce premier quarteron de poètes d’un CACTUS INEBRANLABLE. Avec Dejaeger, Massot, Desagre. Sans oublier le second : Stas, Delhalle, Nollomont, Dalcq.

Les beaux, les bons mots foisonnent et réjouissent le lecteur, puisque la langue se prête à nombre de dérives, de traitements, de glissades de sens. L’humour, le talent, l’inventivité, la culture (surréaliste et autre) s’ajoutent sans un brin de censure, puisque tout est permis. Même le goût dit mauvais par certains prudes linguistiques.

Au sommaire de cet opus : des dialogues absurdes, des historiettes glauques, des vérités cachées sous la blague, et, à force de chimay bleues elles aussi, les chimères se fécondent :

« Un jour, j’arriverai à écrire un aphorisme avec un seul mot »

« On se demande parfois si c’est de l’art ou du cochon »

« Déguster des cuisses de grenouilles de bénitier »

« Quand ta prostate te lâche, c’est la dérive de l’incontinence »

Quelques portraits d’heureux ancêtres surréalistes  parsèment ces pages.

Parfois, l’aphorisme va loin, puise dans la mythologie, dans l’intime, dans Chavée (« Un jour, je ne publierai pas un manuscrit formidable »), de quoi satisfaire les amateurs de détournements.

Une poétique ludique, féconde du mot, du vers pris au pied de la lettre.

Assez renversant, non?

« Nous nous sommes réconciliés en mangeant des oeufs brouillés »

« Quel goût a-t-il ce mot que tu as sur le bout de la langue? » ou l’

inépuisable imagination de Querton au pays des mots, des chimères.

 

Philippe Leuckx