Corinne Hoex,  Valets de Nuit,  Les Impressions Nouvelles, 2015-12-19

Mon Dieu, chère amie, comme vous avez un grand lit ! Vous comptez recevoir ?  Ceci est du Labiche, revu et illustré par cette fameuse coquine de Corinne Hoex. S’amusant comme une folle, autant que nous ses lecteurs complices, elle invite, la nuit, quelques hommes de métier, à la rejoindre et à la faire rêver de la meilleure manière qui soit. On voit donc défiler dans l’alcôve le tailleur, le pompiste, le cuisinier, le boucher, l’astrologue, le pirate… et quelques autres, dont l’on n’ eût point cru qu’ils fissent partie du nombre. Chacun apportera la preuve de son savoir-faire, tandis que l’heureuse bénéficiaire de tant d’égards et de gestes magistraux en tirera grand profit littéraire, imaginant, durant chaque visite, de délicieuses ou désopilantes métamorphoses. La drôlesse passe ainsi du statut de la statue, de la lettre d’amour, de la vague, de la fontaine à l’état de mouche, de chatte ou de panthère, quand elle ne devient pas tout entière forêt, sable ou même continent ! C’est à se tordre de rire et de plaisir en sa compagnie, même si l’on regrette de ne pas apercevoir dans la file des spécialistes le critique littéraire… Ecrit avec un luxe de métaphores et de succulents dialogues, le recueil s’effeuille avec gourmandise et rappelle la joyeuse époque des écrivains libertins de France… Et l’on pense inévitablement à l’Apollinaire en permission ou à l’esthète Pierre Louÿs ou encore à l’exquise Louise de Vilmorin ou à la peu sage Pauline Réage… Bref, rien que du beau linge, de jolies plumes et du papier de soie sur lequel furent couchées, dans des temps plus galants, de plaisantes aventures érotiques. Les « Valets de Nuit » de Corinne Hoex n’ont rien à envier  à ces Rois de cœur et à ces Dames de couette et ils nous convient à partager avec eux une partie de cartes émoustillante, pour autant que nous soyons de vrais As dans la matière…

                                                        Michel  Ducobu