Guy Delhasse, Promenades littéraires au pays de Liège, Luc Pire, 163 pp.

Le vieux Prosper, vous connaissez? Moi non plus, je ne le connaissais pas. C’est, si vous voulez, l’alias, ou l’alter ego de Guy Delhasse. Il va fort, Guy Delhasse. En commençant, on est déjà en plein polar. Un vieux drôlement futé, d’ailleurs. Incollable pour tout ce qui touche à sa province. Y a-t-il un roman qui se passe à Liège ou ailleurs dans la province qu’il n’ait pas feuilleté, déniché? J’en doute. Une belle et forte énergie littéraire, nous dit-il en commençant. Un bel appétit, aussi. Et une bonne plume…Ecoutez-le donc:

Ma ville reste Liège. Le pays qui l’entoure est celui de mes voyages. J’ai besoin des villes pour être lecteur et j’ai besoin des livres pour rejoindre les villes. Après trente-cinq années de recherche, après la publication d’un bon millier d’articles sur la question, après l’édition de cinq guides littéraires, je me suis dit qu’il fallait aller plus loin dans la transmission de ce patrimoine.

Et nous voilà partis…du Carré, comme il se doit. Bien sûr, je ne vais pas tous vous les citer, les sites et les auteurs rencontrés. Mais j’ai moi aussi ma géographie littéraire, et des passants considérables ou amis que je tiens à saluer au passage, ainsi p.20, Danile Charneux, qui évoque dans Comme un roman-fleuve ses jeunes années liégeoises, la piscine de la Sauvenière, par exemple. Simenon, bien sûr, mais lui il est partout, et Baronian sur ses talons. Mais aussi Jean-Denys Boussart, le bourgmestre de Dju-d’là, sans qui le 15 août ne serait que ce qu’il est. Les boîtes de jazz, avec de nouveau Daniel Charneux, à la page 51. Christian Jamar, çà et là, Jamar bien sûr qui rime avec polar, non loin des éditions Dricot. Et bien d’autres encore, que je vous laisse découvrir. A Huy, ce sera Jacques Henrard, René Henoumont, et comment ne pas citer Jean Tousseul, si injustement oublié?

A Spa, on se bouscule: il est vrai que la ville reçu toute l’Europe galante, depuis Madame de Genlis et le prince de Ligne, mais aussi – visiteuse inattendue – Agatha Christie, et Alexandre Dumas, sans oublier Bernard Gheur et Paul Dresse.

Stavelot, bien sûr, c’est Apollinaire, et Christian Libens qui lui est attaché. Henri Davignon en a aussi parlé, et Jean-Pierre Otte.

Prosper enfourche alors son vélo pour revenir patrouiller dans Liège, y rejoindre un visiteur inattendu: Graham Greene. Christian Jamar encore, Stanislas-André Steeman, Louis Thomas Jurdant qui avait une jolie plume à son guidon (relisez donc  Le Pommier fleuri).  Et puis, toujours en vélo, ce sera Chaudfontaine, dont parle quelque peu Victor Hugo, pour terminer par Verviers et Jacques Blavier.

Je vous dis, un régal pour les curieux de littérature et les amoureux des villes, et un double régal pour ceux qui aiment les deux. Ah! J’allais oublier! Une ou deux fois, aussi, un certain Guy Delhasse, mais il est évoqué si modestement qu’on risque de passer à côté. Alors, là, je vais vous laisser chercher. On ne peut pas tout vous dire. Cela fait partie du jeu.

Joseph Bodson