Françoise Pirart, Vertigineuse françoise pirart, roman, éd. Luce Wilquin, 2016, 176 pp., 17 €.

Un roman qui vous prend aux tripes dès les premières pages, passionné, émouvant, où l’auteure s’engage corps et âme, pourrait-on dire: De cet été sauvage, elle garderait le souvenir éclatant de leurs corps nus et brûlants dans la pénombre de la camionnette. Voilà, le décor est planté, de soleil et d’ombre, comme sur une arène, et il a suffi de deux adjectifs pour donner le ton.

Non, je ne vais pas vous raconter l’histoire, ce serait gâcher votre plaisir, car l’intérêt ne faiblit pas, tout au long de ces 176 pages. Je vous dirai seulement qu’un grand dilemme vient s’y mêler, celui de l’attitude à prendre face à la peine de mort (rappelez-vous ce qui se passait au temps où le bourreau tranchait les têtes, et où le public, haletant, voyait parfois un bourreau maladroit s’y reprendre à plusieurs fois). C’est pareil dans les corridas: le matador rate parfois son coup, mais le taureau ne peut échapper à la mort…Ici aussi, on pourrait parler d’un jeu étrange qui se joue entre l’amour et la mort, et le récit pourrait se répartir facilement en scènes contrastées.

Oui, Françoise Pirart a ce don devenu rare de raconter une histoire – ce qui n’est pas si simple – une histoire sans une seule fausse note, de la première page à la dernière, et le lecteur se sent, étrangement, concerné, comme s’il était partie prenante. Prenante et concerné, car on ne peut rester, ici, insensible, ni indifférent. L’héroïne – vertigineuse, au sens littéral du mot, prendra pas mal de risques, dansant, comme disait Rimbaud, de clocher en clocher – jusqu’à ce rire éclatant dans l’Oklahoma. Non, je ne vous raconterai pas.

Joseph Bodson