Claire Mathy –Une cerise pour la veuve Marigot- éd. Memory – 155p. – 16 €

 Le complexe des Trois Soleils comporte trois ailes complémentaires : le Soleil Couchant (pour les personnes âgées), le Soleil Levant (pour les enfants) et le Soleil Naissant (pour les bébés). Tout un symbole… qui annonce déjà le ton du livre. Le fil conducteur sera l’ergothérapeute (Aurore Beauréel), qui va suggérer à une pensionnaire du Soleil Couchant de coucher ses soucis par écrit pour s’en libérer. Mais ce qui va surtout dénouer le cœur de la vieille Marie-Madeleine Marigot, c’est l’amitié qui va naître entre elle et Cerise, une petite orpheline métisse qui en a vu de vertes et de pas mûres au cours de sa courte vie. Le nom de Marigot prend tout son sens si l’on sait quelle aubaine constitue pour les assoiffés d’Afrique cette petite réserve d’eau bienvenue en temps de sécheresse. Que dire alors de la « Cerise sur le gâteau de l’amitié offert à M.M.M. », qui rend à la vieille dame sa joie de vivre ?!

L’auteur nous offre ainsi dans un contexte truffé de métaphores très élaborées un éparpillement de paillettes de vie entre lesquelles évoluent les personnages principaux. Le texte se fragmente en petits éléments juxtaposés, qui ne se lient jamais vraiment, le roman fait des grumeaux. Mais il a le goût de la sincérité et le mérite de la recherche.

A travers sa fiction, l’auteur répand ses idées sur la société. Elle pèche peut-être par excès – trop de personnages, de bons mots originaux, de trouvailles et d’expressions outrageusement recherchées, de dialogues tarabiscotés et peu naturels. Elle nous balade de phrase en phrase d’un bout à l’autre du récit, jusqu’à l’explication finale, la confession de la veuve Marigot, qui nous donne la clé de son mutisme de départ. Les personnages sont parfois caricaturaux, telles les infectes sœurs Rainwater, qui seraient mieux à leur place comme sorcières dans un conte pour enfants, tant leur méchanceté est radicale… Avec un peu plus de nuances dans la psychologie et plus de simplicité dans l’expression, le roman serait moins éblouissant mais plus convaincant.

 

Isabelle Fable