annetteAnnette Kreuwels, Mes chaussures dans le fossé, Parcours d’une fille de colon belge au Congo, éd. Traces de vie, 120 pp, 15 €.

La vie quotidienne tient une grande place dans ce récit, que ce soit la vie quotidienne au Congo-Katanga, ou la vie quotidienne en Belgique,à Ruisbroeck: une Belgique qui sera mal perçue, dans la famille de sa mère, une Belgique où tout le monde court, où les gens sont séparés par des cloisons idéologiques, – il ne faut surtout pas aller au cinéma à la Maison du Peuple!

Mais l’Afrique, c’est la vraie patrie,et la petite Annette jette sur les adultes, leur conduite, leurs mobiles,, un regard lucide et sans trop d’indulgence. Elle sait – ce n’est pas donné à tout le monde – raconter des histoires de petite fille dans une langue de petite fille, mais sans bêtifier, Et puis, il y aura le grand départ, les « évènements » qui l’obligent à quitter l’Afrique:Jai presque quinze ans.Je vis dans un paradis au centre de l’Afrique. Septembre 1967 sonne le glas, l’année scolaire la plus sombre de ma courte vie s’annonce.(…) Ce qui signifie un retour forcé et précipité en Belgique, afin de poursuivre les études. Direction Bruxelles, ville que je déteste par-dessus tout.

Et le récit continue, au travers des années d’une vie parfois pénible et monotone, qu’un rayon de soleil vient éclairer à la fin. Il y aura les voyages, le travail qui enfin épanouit, la table d’écriture, la guérison de la nostalgie, le pèlerinage à Ruysbroeck avec cette conclusion désabusée: Je ne sais rien de mes parents.

Joseph Bodson