Philippe Colmant,  L’archet et la flèche (sans nom d’éditeur, 80 p., 2014, préface d’Yves Bossut)

 

Philippe Colmant aime la poésie classique, ses rimes, ses vers qui portent sens. « L’archet et la flèche » ne déroge guère à cette définition. On pourra sans doute penser que les formes sont parfois convenues et que le rythme est souvent guidé par la rime qui tombe. C’est,  il est vrai, le lot du genre. Les thèmes, les jeux de mots et autres calembours (« café-carême ») relèvent d’une vision peu nouvelle de la poésie.

On voudrait être étonné, sentir des émotions,  échapper au convenu, à la norme classique car il y a de belles images, étouffées par la rigueur des règles suivies :

« ciel cisaillé par des oiseaux pressés » ou

« certains jours je vis à peine »

ou encore

« amis décousus »

La prosodie corsète souvent les sensations et on ne garde que les effets empesés. Philippe Colmant a certes du métier et le sens de l’image.  Pourquoi n’aère-t-il pas ses longs poèmes? Pourquoi ne rompt-il pas avec cette esthétique traditionnelle du poème rimé – passage obligé , trop sage ? Supervielle, Cadou, Jaccottet ont abandonné le poème rimé…alors ?

On encourage le poète qui peut écrire :

« Ils avancent serrés, emportant leur pays »

ou

« Je chanterai mon sang »

 

Philippe Leuckx