Alain Bertrand, Jardin botanique, roman, Le castor astral, 2013.

 

Roman, nouvelles ou chronique…l’ouvrage est divisé en trois parties : Bruxelles, Wallonie, Flandre. Plutôt qu’un hommage à la Belgique et à sa diversité culturelle, Jardin botanique est une suite de miniatures qui associent étroitement une idée, un sentiment, un objet à un lieu décrit avec minutie. Ainsi, dans le premier tableau « L’amour à la bruxelloise », le tram 44 est-il le véhicule par excellence du sentiment amoureux.

A partir de réalités parfois anodines, comme l’épluchage des patates, un grand nombre de thèmes sont abordés, tels que l’éducation, l’amour, la psychanalyse ou la politique. La dixième nouvelle, « Gaston Mairette, le peintre », peut être lue comme une satire de l’imbroglio politico-juridique que constitue la Belgique. L’absurde est partout présent. Mais c’est sans doute la dernière pièce, « Le trésor de l’abbé Romuald », qui est la plus étonnante et la plus réussie. Le récit, initié dans l’humour et la légèreté, glisse peu à peu dans la gravité de la mort esquissée.

Alain Bertrand procède par brèves annotations qui créent une atmosphère à mi-chemin entre le rêve et la réalité. Ainsi, à propos de l’oncle Curzio : « Que poursuivait-il, sinon la jeunesse et la folie de vivre comme au cinéma ou dans les rêves d’enfant ? »

Le vocabulaire est d’une grande richesse. Qu’il s’agisse de décrire des patates ou une œuvre picturale, l’auteur est un maître du style : « Calme, presque serein, je détachais une bande d’une largeur variant entre un et deux doigts sur une longueur équivalant à mon tour de taille. Le moment où l’épluchure se décollait de sa racine, en particulier, me semblait toucher à la grâce. Et levant la patate vers la lumière, il me semblait reconnaître le geste du prêtre à l’offrande. »

Enfin, le récit peut être interprété comme une quête de l’identité : le narrateur – l’auteur ? – est-il bruxellois, wallon ou flamand ? La question reste ouverte.

Jacques Goyens