Alain BERTRAND – L’été sous un chapeau de paille, Weyrich, Plumes du coq, 2014, 168 pages, 16 euros.

L’alacrité du ton, la dénonciation de la vulgarité de certains (beaucoup ?) touristes, short sur mollets blancs, le ventre en reposoir pour l’appareil photo, le regard sarcastique  porté sur l’ignorant revenant de vacances qui ne tardera pas à montrer les photos qu’il a  saisies, mais ne sait pas au juste ce qu’il a photographié (« S’il a emprunté aux banques pour venir, c’est en vue de numériser sa femme en train de photographier le David de Michel-Ange…. »), le monde réduit au « guide » (pour certains au GPS), le franchouillard (« du poil et de la gueule, surtout après un dépassement par la droite »), le pique-nique sur autoroute avec cette leçon, que « le temps perdu en pauses pipi ne se rattrape jamais », d’où l’idée de « la glacière convertible en W.-C. portable »…. Autant de courts portraits tracés au picrate.

Et puis, tout à coup, au détour du chemin, s’ouvre la porte de la tendresse, de la poésie, avec une rêverie en Bourgogne, le long de la Saône, le choc poétique subi par Madame, découvrant que « le guide est sans objet », avec « les jets d’eau (qui) se courbent au spectacle des landaus qui pépient », la « jeune maman aux jambes de cacao », etc….

A lire, pour le plaisir, et en mémoire de ce magnifique chroniqueur qu’était Alain BERTRAND, décédé à Bastogne ce 16 février 2014.

                                                                                                                             Michel WESTRADE

                                                                                                                             14 septembre 2014