Alain Huart, KIVU – Du paradis à l’enfer – Editions Weyrich – 560 pages – sept. 2013
C’est l’Afrique et plus spécialement le Zaïre et la RDC que parcourt Alain Huart, chargé de différentes missions qui lui ont permis de connaître ces régions mieux que quiconque. Son dernier roman « Kivu, Du paradis à l’enfer » en est la preuve évidente. En effet, l’auteur a pris soin de rédiger un long avant-propos « Histoire des peuples Congo » ainsi qu’une introduction historique pour chaque chapitre, propos sans lesquels il serait difficile au lecteur de comprendre les combats, les enjeux, les mensonges, les déclarations, les buts des organisations, … Le lecteur se serait dès lors contenté de lire un roman, sans plus. Si tout le monde a entendu parler des guerres d’Afrique, le Rwanda et les autres, peu d’entre nous ont approfondi ce que relataient les journalistes et autres organismes, se contentant d’entendre, de soupirer et pour la plupart ensuite de passer à autre chose. Mais comme le démontre très bien A. Huart dans cet ouvrage, il faut chercher au-delà de ce qui saute aux oreilles. Par le biais d’une histoire de deux êtres qui auraient bien pu ne jamais se rencontrer ni se retrouver, l’auteur nous ouvre les yeux sur des réalités cruelles. Il n’est pas indispensable d’être féru d’histoire pour plonger à corps perdu dans ce roman qui se lit sur deux plans et que l’on quitte difficilement comme l’écrit Colette Braeckman (4e de couverture). Il va sans dire que personne ni même les plus faibles n’ont été épargnés lors des conflits sanglants. C’est une lecture difficile du point de vue humain mais hélas, trois fois hélas, tellement réaliste qu’on ne peut l’ignorer, s’en détourner.
Par son côté direct et clair, le style d’A. Huart donne à l’ouvrage toute l’ampleur qui lui revient, toute la gravité aussi, sans fioriture.
A. Huart a mis en exergue, un propos d’Aimé Césaire :
« La voie la plus courte pour l’avenir est toujours celle qui passe par l’approfondissement du passé. »
C’est bien cette compréhension acquise au fil du livre qui nous poursuivra lorsqu’on entendra parler du Congo, Rwanda, Kivu ou tout autre pays ou région en guerre.
Danielle Gerard