André Stas, Le pas sage à l’acte, Cactus inébranlable éditions, aphorismes, 95 pp, 2014

pas sage

Vous l’aurez deviné, un recueil d’aphorismes. Pas tristes, bien sûr. Mais parfois, quand même. C’est ceux-là, croyons-nous, que l’auteur préfère secrètement. Quand ça dérape. C’est toujours signe. Signe de quoi? On ne sait pas. On ne sait pas dire ainsi. Mais il y a, parfois, comme quelque chose qui s’accroche, et fait mal à la gorge, râpant, délitant. Signe de vie pas drôle. Signe de piste obsolescente. Bien sûr, si vous voulez vous aventurer sur les pas d’André Stas, attendez-vous au pire. Mais les mots, au fond, sont innocents. Pourriez-vous me dire pourquoi oxymore, anacoluthe, par exemple, sont des mots propres, alors que fesse et cul seraient des mots sales? Tout à fait illogique.

Bref, vous y trouvrez, dans ce Pas Sage, des vertes et des pas mûres, bien sûr. Vous en trouverez d’excellentes, comme celles-ci: Les aphorismes sont les récompenses de l’insomniaque (pour celle-là, à sa place, je me ferais payer, ou je demanderais le remboursement par la Sécurité sociale). Ou encore, p.53: Si je n’existais pas, abstenez-vous de m’inventer. Schopenhauer n’aurait pas trouvé mieux. A la même page, ce très bel autoportrait: Affectueux à mon cœur défendant,/cynique à mon âme défensive. Mais je ne vais pas tout déflorer…Juste encore cette superbe image, et profondément emblématique et poétique,, p.52: L’ordi c’est bien, mais les boîtes aux lettres où on ne trouve que pubs, factures, procès et autres joyeusetés sont d’un triste…

Et puis, il y a ses fréquentations: il ne cite pas beaucoup d’auteurs, mais j’ai été heureux d’y trouver Marcel Aymé et Tristan Derème…Alors, si le cœur vous en dit…Une langue verte avec des zébrures, des tonalités grises. Ca change une fois, comme on dit à Bruxelles.

Joseph Bodson