Ben Arès,Tromba  (Ed. MaelstrÖm)

 

Aux origines de Tromba, transe en malgache, un désir de vivre ailleurs, de sentir autrement, d’aller quérir au bout du monde un autre sens de l’humanité.

Ben Arès réussit, en tout cas, à toucher grâce à une langue qu’il a rendue merveilleusement métissée, à ce flot de mots, à cette énonciation presque sensuelle des mots du voyage, de là-bas, des femmes de là-bas, puisqu’elles sont au centre des préoccupations de l’auteur.

On sent bien sûr, dans ce récit de soi et des autres, le cœur entier de ce Vazaha, de cet étranger pour ce pays, fort en lumière, riche en fruits, en paysages, un cœur qui s’épanche, décrit, ne nie pas l’impact très sensuel, très sexuel des rapports, raconte avec force détails les moments intimes, les fusions des corps.

Mais il y a, autre chose : cet élan pour dire la misère, le peu, ces exils forcés, ces allées et venues d’un bout à l’autre du territoire pour gagner un peu d’argent, parfois, souvent,  avec le corps.

La langue, subtil mélange de français, de malgache et de l’auteur lui-même, restitue avec force et empreinte cet univers de beauté insolite, sans cesse menacé.

La poésie sauvage qui s’en élève, la tolérance, la soif d’horizon : tout fait de ce livre singulier un hymne au voyage, intérieur et réel.

Philippe Leuckx