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Bernard Gheur, Un jardin dans les Rocheuses, Weyrich, Plumes du Coq, 2013,238 pp.

Il s’agit en fait de la version enrichie d’un récit paru en 1985 à Paris sous le titre Retour à Calgary.

De l’enfance, Bernard Gheur a su garder, ce qui est rare, la tendresse et les émerveillements, le désir et la peur de l’inconnu, l’odeur oubliée des aubes premières. Il a eu cette chance d’avoir des grands-parents partis au loin, dans des pays de légende, l’Alberta, au Canda, proche de la Saskarchewan et des Montagnes Rocheuses. Son grand-père, ingénieur des mines, y fut engagé en vue de la création d’une mine de charbon à ciel ouvert à Nordegg.

De plus, Bernard Gheur a l’art de la formule juste, de la formule qui frappe juste, et qui est irremplaçable. Ainsi, à la page 25 : Nous entrouvrîmes la porte de sa jeunesse, sans savoir que cette porte avait été condamnée. Puissance de l’image, netteté dui trait, cela nous amène à réfléchir aux rapports qu’entretiennent le journalisme, le cinéma et la littérature. On sait en effet que l’auteur, cinéphile passionné, a également été journaliste. C’est ainsi qu’il dira fort justement, à la fin du livre : Tout bon article est une histoire bien racontée.

Un style lisse, uniforme mais non monotone, sur lequel se détachent de temps à autre, sans hausser le ton, un passage plus significatif, une alliance de mots, une image…Une petite musique limpide, qui pourrait être à la fois celle du souvenir et du bonheur, et l’on croit voir courir de jeunes Indiens, partis à la chasse au bison dans un terrain vague de Coronmeuse, il y a…combien de temps déjà?

Joseph Bodson