Bob Boutique – 2401 – Ed. Chloé des Lys – 448 pages – 20 €

On a l’impression que l’auteur s’est beaucoup amusé en écrivant ce roman «policier/thriller», comme il l’intitule. Il nous raconte l’histoire d’une organisation criminelle internationale dans laquelle des dizaines, centaines (ou plus ?) de «corbeaux» échangent leurs crimes dans le plus parfait anonymat et donc avec impunité garantie. En ce sens que, moyennant une cotisation mensuelle de 100 €, ils peuvent demander un «service» à l’association en échange d’un «service» équivalent, qu’ils sont obligés de rendre sous peine de mort. L’association est structurée en pyramide sous le commandement du Corbeau, que personne ne connaît, évidemment. Les meurtres perpétrés amènent les autorités policières de plusieurs pays à travailler, en concurrence ou en collaboration selon le moment, à démanteler le réseau. Les indices font converger les recherches vers une clinique suisse fortifiée comme une prison, où le docteur Strassen, neuropsychiatre et pasteur des «Enfants de Dieu» soigne à la fois des psychopathes irrécupérables et des «monstres » (enfants tellement anormaux que sans lui, ils étaient voués à l’euthanasie) dans un département de tératologie.

Le récit, débutant par des meurtres plutôt conventionnels, évolue ensuite vers une fiction beaucoup plus spectaculaire, pour se terminer en apothéose quand on découvre le Corbeau. Il est mené tambour battant, on saute de l’un à l’autre des «projets» des membres de la «chaîne», qui s’enferrent et se verrouillent les uns les autres, on saute de l’une à l’autre des équipes d’enquêteurs – des costauds intellectuellement doués et super-équipés pour toute occurrence. Le tout dans un langage spontané, quotidien et populaire, l’auteur s’adressant régulièrement à ses lecteurs pour l’un ou l’autre commentaire de son cru. Bob Boutique aime rire : «Un thriller, ça rigole pas. Moi si, c’est plus fort que moi.» nous dit-il en préambule. Il ne se prend pas au sérieux. Nous voilà donc à l’aise pour dire qu’il s’amuse, qu’il joue avec son histoire, avec ses personnages, parfois un peu B.D. sur les bords, qu’il prend des libertés avec le français, avec la vraisemblance (c’est du cinéma, aurait dit ma mère) lorsque les situations deviennent épiques. Malgré quelques erreurs, quelques lourdeurs, notamment quand on s’appesantit inutilement sur les descriptions de monstres, on s’amuse avec l’auteur et on savoure à plaisir le suspense, qui nous tient en haleine jusqu’au bout. N’est-ce pas ce qu’on attend d’un « policier/thriller »? Tous les ingrédients y sont pour partir en croisière dans une histoire palpitante, des meurtriers «innocents» et eux-mêmes en danger, des enquêteurs humains et perspicaces, l’ombre d’une secte, un peu d’horreur, un peu d’amour aussi, bien sûr…

La seule question qu’on puisse se poser : Est-ce vraiment possible?» Une seule réponse : «Oui, ça l’est». Cela, c’est Bob qui nous le dit, en quatrième de couverture. Faut-il le croire? A vous de juger.

Isabelle Fable