giertsCéline Gierts, Ma chère folie, roman, Chloé des Lys, 177 pp.

 

Une écriture très fine, élégante même, mais sans aucune mièvrerie. Elle va droit au but, appelle les choses par leur nom, n’hésite pas non plus à aborder certains sujets – non pas des sujets grivois, on n’en est plus là, bien au contraire, mais des sujets sentimentaux, intimes, dans lesquels se trouve enveloppé le sujet – ou le héros – lui-même.

Elle le fait avec une grande discrétion, sans étaler devant nous sa vie privée, les relations avec les proches, par exemple: autobiographie ou roman pur, peu importe en fin de compte au lecteur: il s’agit, en fin de compte, d’une belle histoires de solidarité entre ceux-là qui se trouvent de facto issus de notre monde, parce qu’ils sont plus faibles, plus fragiles, plus démunis, parce qu’ils calculent moins, se livrent tels qu’ils sont, jusqu’au fond d’eux-mêmes. La blessure qui en résulte peut être atroce, elle peut conduire jusqu’à l’enfer de l’anéantissement. Mais aussi, il suffit d’un rien, parfois, pour que le contact se rétablisse, pour qu’un regard rencontre un autre regard, pour qu’une main accepte une autre main.

Tout cela, cette longue marche, Céline Gierts le décrit avec pudeur, et ce qu’elle nous transmet ainsi, ce n’est pas seulement le récit du traitement d’une déprime profonde, mais aussi celui d’une amitié qui résiste à toutes les épreuves, et qui aide les protagonistes à sortir d’eux-mêmes, à affronter en toute clarté les épreuves qui les attendent encore. Non, la vie n’est pas un long fleuve tranquille…mais il reste toujours possible d’atteindre l’autre rive. Une histoire qui aide à vivre, et en plus, un vrai plaisir de lire.

Joseph Bodson