caféChristian Quinet, Café de l’espérance, roman, éd. Audace, 148 pp, 15 €

Un roman très ramifié, qui démarre un peu comme un recueil de nouvelles, et puis on se rend compte qu’il y a un lien, que des personnages reviennent de chapitre en chapitre. Qu’il y a aussi des constantes – la bière, bien évidemment, puisque c’est un café; les préoccupations sociales, les fermetures d’usine; les gueulantes, à l’occasion. Et puis, qu’ils sont comme ça, ses personnages: le cœur sur la main, mais la tête près du chapeau. Qu’ils n’hésitent pas, chaque fois qu’il le faut, à mettre la main à la pâte. Rien d’un optimisme béat: il y a aussi les méchants, et même très méchants. Les racistes, qui ne mâchent pas leurs mots. Le sexe aussi, bien sûr – on ne fait pas sans.

Mais peu à peu l’action se concentre et s’accélère, la trame se noue: le café de l’Espérance, combien symbolique, c’est l’âme d’un quartier, dans une ville de chez nous, qu’il n’est pas difficile de deviner sous son incognito, les laminoirs, et les repreneurs malhonnêtes. Christian Quinet ménage ses effets, ne ménage pas les explications, il faut que tout soit bien clair. Et puis soudain, les choses se précipitent, et nous avons droit à quelques scènes de grève et de bagarres drôlement bien ficelées (celle notamment dans le café, entre l’équipe locale et les motards mal intentionnés, est un classique du genre).

J’allais oublier, et ç’aurait été bien dommage: de temps à autre, une phrase en wallon vient heureusement ravigoter le lecteur, comme le ferait une bonne chope au milieu d’un discours Et puis, la scène finale, psychédélique, surréaliste, vient mettre une note d’espoir (tiens, comme le café) là où il y aurait de quoi pleurer.

Bref, un roman « social », mais qui est aussi, quelque part, un roman d’amour.

Joseph Bodson