Claude DONNAY, La route des cendres, M.E.O., 2017, 184p., 17€.

 

Le premier roman de Claude Donnay (1958) – auteur par ailleurs d’une quinzaine de livres de poèmes – s’apparente à un road movie qui doit beaucoup à la « route » de Kerouac et à la littérature d’errance de la beat generation.

Le personnage central, David, décidé, dès qu’il prend la route, à s’appeler William Jack, entreprend de rejoindre le Nord, prêt à tout quitter, chargé de son sac à dos. De France à la Hollande, le vagabond marche, fait du stop, se donne quelques rencontres, et tout en voyageant, rappelle le souvenir de Serena, qu’il a aimée, qui l’a trompé avec Jasper, et dont le lecteur connaîtra le vrai destin. Cette femme était malade, souffrait d’anorexie et David a décidé de se séparer d’elle.

Le roman – qui cite souvent ses  références, London, Kerouac, Burroughs, -propose un parcours atypique, saisi psychologiquement dans toutes ses nuances. L’antihéros est en quête de lui-même, de sa vie, et en même temps responsable d’une mission qu’il se doit de réussir.

Les paysages et les êtres défilent, les scènes se densifient, et la rencontre sur une péniche d’un couple homosexuel de mariniers est une amorce d’apaisement, tout au bout de l’errance.

Donnay donne poids et vérité à son personnage – qui se croit poursuivi par un inspecteur, Tavianucci, – sorte de réincarnation d’un vagabond céleste, sans attaches, rompant les amarres.

Premier roman, bien écrit, bien observé, au rythme subtil de scènes passées et présentes. La construction en quarante-trois chapitres, alternant les scènes avec Serena et celles de l’errance, offre suffisamment de légèreté pour ménager au lecteur quelques surprises, qui ne soient pas uniquement d’ordre policier.

On retrouve, avec intérêt, les thèmes que Donnay poète traite : celui de la nature, de la passion amoureuse , de la quête personnelle.

Une belle réussite.

Philippe Leuckx