chat de prague

Claude Martin, Le Chat de Prague, Bruxelles, Traverse, 2014, coll. Lentement, 142 p.

Inspiré par le film du cinéaste tchèque Vojtech Jasny « Un jour un chat », ce livre a l’intention de voir en couleurs les personnages en fonction de leur caractère ou leur comportement. Il se présente donc avant tout comme une imposante galerie de portraits grâce au fait d’ «écouter, observer, deviner les autres », absorber leurs confidences.

Les gens défilent, liés à la vie de la narratrice qu’on soupçonne fort de n’être autre que l’écrivaine. Car le peu que l’on puisse connaître d’elle se retrouve dans le récit qui est proposé.  Vu le postulat de départ, ce n’est pas vraiment une intrigue qui avance, se noue et se dénoue. C’est davantage un catalogue d’ « Amis, Amours, Amants », proches, voisins, fréquentations, rencontres.

Ce livre parle du temps, il va de l’enfance vers la vieillesse et la mort, de la marelle à la solitude finale, dressant en quelque sorte l’inventaire d’une vie. Il est destiné à « habiller le néant pour quelques années encore ».  C’est donné de manière hétéroclite, avec peu de rigueur dans la construction de l’ensemble, telle une sorte de patchwork dont plusieurs morceaux appartiennent sans conteste à des exercices d’atelier d’écriture.

S’y trouvent pêle-mêle le père tôt décédé, un déracinement géographique, les livres nourriciers dont on « vit les histoires du bout des yeux », le conservatoire qui libère, le couple qui se déchire, les amours vécues ou rêvées… Martin semble dire que son « objectif est probablement de recevoir la vie par portions, les chagrins et les problèmes par morceaux juste assez gros pour pouvoir les avaler ». Et, parmi le trop plein d’anecdotes, de répétitions parfois, les pages les plus émouvantes sont sans nul doute les réflexions sur la vieillesse et la proximité de la mort.

Michel Voiturier