Claude RAUCY, La sonatine de Clementi, M.E.O., 2017, 188p., 17€.

Constitué de trois nouvelles – la nouvelle centrale s’apparentant à un micro roman – cet ouvrage, sobrement intitulé récits, nous plonge dans diverses ambiances et nous séduit par un style épuré, classique. La première nouvelle éponyme rameute l’atmosphère touristique d’une Florence d’alors, visitée pour ses charmes, autour d’une « pensione » familiale et une galerie de personnages attachants. Laurent, revenu là, s’invite à des souvenirs liés à une belle dame, et, rompant avec la réalité historique, croise des personnages réincarnés : Savonarole et d’autres. On est ravi d’être au cœur de cette maison sise à Florence, pleine de séductions et d’invites au voyage. L’air y est peut-être un peu suranné comme dans les illustrations d’époque. On y goûte la culture sérieuse de Raucy pour les villes d’art.

« Un héros à la sarbacane », plus longue nouvelle, met en scène un jeune garçon de l’évacuation : Baptiste a atterri dans un village du sud de la France, recueilli dans un château, symbole de cette période difficile d’occupation allemande.

La peinture d’époque, pour être réaliste, assure à la fiction les garanties d’authenticité, et on accompagne le jeune « héros » avec plaisir. Un deuxième volet, avec Denise et sa « sonatine » de Clementi – jouée dans la pension florentine – montre les failles de la vérité historique.

Il y a plus de rugosité sinon d’ironie et de cruauté dans le pauvre destin de Fernand, pion de collège, mal accepté, cet antihéros de la médiocrité ordinaire qui fait du « Pion du troisième » une description douloureuse des vies cachées.

Raucy maîtrise des univers différents, distille les plaisirs d’époques évanouies, et la lecture s’insinue longtemps en nous, preuve que le romancier a réussi ses fictions.

Philippe Leuckx