Daniel De Bruycker, Neuvaines 1 à 3, Maelström, 2015, 236p., 16€.

Un livre qui fait son « chemin » (le terme revient souvent), qui rend hommage, invite à la « prière », qui, placé sous la bannière de créateurs orientaux (dont le cher Bashô), architecturé, revient à la rime comme si de rien n’était, entre philosophie et poème lyrique : « Neuvaines » est tout cela.

C’est un recueil de quêtes sur soi, sur le monde, plein de questions sur le demain, sur l’hier.

Faire un poème, s’adresser au silence d’un chat, se mettre en lieu et place d’une pierre, attendre l’aube, vivre,  « une main de passage », flairer « la lumière/une ombre toujours »…le poète sait jouer des questions pour battre cette « nuit noire, opaque » et éclairer notre route.

Un livre, tout empreint des quatre éléments, pour dire notre attachement à cette terre, à cette lune, à ce ciel qui « fait sa journée/ fait sa  nuit », par lequel le poète s’inscrit dans le fil de la « terre de ses pères », au lieu même  d’une réflexion qui ne soit pas seulement exercice de passage mais exigence sur les liens, les lieux d’une vie :

« Voyager est une curieuse affaire :

on avance tout du long devant soi

l’horizon dit : tu restes là. »

Il y a du sage, « du vieil ermite » dans ces regards sur le monde comme il va, souvent échappant à notre contrôle de pensée.

Il y faut de l’écoute, de la marche : consignes que le poète De Bruycker se donne comme nerfs d’écriture et de vie.

Philippe Leuckx