Éloge de l’artisan de Luc Templier et Luc Viatour, Weyrich, 2014.

 

Au cœur du monde grisé par la vitesse, les machines produisent.

Pour sans cesse aligner des objets identiques.

Des objets que la publicité doit nous vendre.

Bien trop coûteux pour leur valeur réelle.

Et ces objets rejoindront rapidement leurs petits frères à la moderne déchetterie.

 

À côté du grand marché, vivent les artisans.

Des femmes et des hommes qui, avec leurs doigts et leur intelligence, mettent de l’esprit dans la matière qu’ils respectent et façonnent.

C’est ainsi que bois, cuir, papier, métal, encre, verre, laine, plâtre, eau, feu et terre s’opposent ou se marient dans l’Atelier, ce lieu sacré où se déroulent de singulières et prodigieuses transformations.

C’est là que, loin des cycles infernaux de la mode, l’artisan se concentre sur la pièce unique qu’un enthousiaste lui a commandée.

L’artisan n’est pas un nostalgique, il écrit l’aujourd’hui.

 

À la fois éloge et manifeste, le texte de Luc Templier anime les superbes photographies de Luc Viatour, à moins que ce ne soit l’inverse.

Il affirme que l’artiste est forcément artisan, que l’artisan est nécessairement artiste et que la main est l’outil des outils.

Que si l’industrie et l’artisan sont tournés vers l’utilitaire, l’une fabrique des produits parfois futiles, l’autre crée des objets souvent utiles.

Que c’est le geste noble du maître qui met du rêve et de la passion dans l’objet.

Car le maître explore au lieu de reproduire, et prend le temps de mettre au monde.

Il anime la tradition, enrichit le patrimoine et transmet le savoir-faire.

Le maître artisan est passeur d’héritage et les artisans doivent se reproduire.

 

 

Philippe Bailly

                                                                                                                                             trouvére et ménestrel