wilwerth   miteux.jpg photoÉvelyne Wilwerth, Miteux et magnifiques ,nouvelles,  Bruxelles, M.E.O., 2014, 144 p.

Les nouvelles rassemblées par Évelyne Wilwerth s’organisent selon deux axes qui ne cessent de se recouper : érotisme et énergie, sexe et violence. Il est vrai qu’entre les premiers et les seconds, la frontière est ténue et l’auteure ne se prive pas de la passer.

Les endroits où se situent les actions se trouvent, très symboliquement, aux alentours d’un canal, pas loin d’une déchetterie et d’un incinérateur. Les personnages, dont certains traversent d’autres histoires que la leur, sont, pour la plupart, des gens très ordinaires, soumis aux échecs, engoncés dans des existences inconfortables, hantés par l’impression d’être considérés au rebut ou du moins à la marge. Tous sont amenés, consciemment ou pas, à accomplir quelque chose qui les valoriserait à leurs yeux et à ceux d’autrui.

Souvent ils aboutissent  à un moment de bonheur fort qui les transporte ou même réoriente leur façon de se comporter. Cela sera aussi bien une vengeance cruelle qu’un orgasme tempétueux, une performance un peu folle autant qu’une rencontre de hasard bouleversante, une souffrance mise à distance au même titre que le passage à une nouvelle étape dans son identité ou la découverte d’une connivence inattendue.

Parfois, ces brèves nouvelles ont des aspects de polar, parfois de document sociologique, parfois de banal fait divers, rarissimement de conte de fée même si elles témoignent d’un irrépressible désir de vivre. Elles correspondent particulièrement bien à la définition du genre proposée par l’écrivaine : « Une histoire avec des trous. […] Parce qu’on ne précise pas tout. On suggère». Et, là, lecteur, il faut s’accrocher car Évelyne Wilwerth est la championne des ellipses, que ce soit dans la syntaxe d’une phrase ou dans la structure du récit. Quelquefois, le passage d’un moment, d’un lieu, d’un protagoniste à un autre est si abrupt que cela décontenance. Mais contribue au rythme accéléré de la narration car il n’y a pas place ici pour de l’ennui puisque tout se déroule à vive allure.

Michel Voiturier