France Bastia, Au gré du jour, au gré du ventJournal 2011-2012, Les Claines, 2013, 160 pp

 

 

Si le titre de ce nouveau volume du Journal de France Bastia n’est pas de Montaigne, il en a cependant l’air et l’allure. Et il est bien vrai que ce Montaigne, qui y est cité fréquemment, est présent presque à chaque page du journal, non seulement dans les citations, mais aussi dans la façon d’aborder les choses et les gens, avec une pointe d’humour, une égalité d’humeur, du bon sens et de la réflexion.

Comme dans les volumes précédents, le lecteur se trouve confronté à différentes strates: en partant du concret pour aller vers l’abstrait, du plus près pour aller vers le plus loin, nous trouvons d’abord le jardin, au travers des saisons, avec nombre de fines annotations concernant le temps, les fleurs, les travaux; et puis, bien sûr, un certain grammairien, dont les réponses semblent parfois venir d’un distrait, alors qu’elles sont empreintes d’un observateur attentif et d’un humoriste averti. Il y a les enfants, leurs bons mots, leur éveil à la vie et au monde qui les entoure. Il y a les voisins, au nombre desquels figure Julos Beaucarne, mais aussi l’épicier bio, la dame marocaine qui, avec sa petite fille, vient demander du muguet…Il y a le cercle des collaborateurs proches, à la Revue générale, et puis ceux que l’on rencontre de temps à autre, au Cercle Gaulois, aux Grandes conférences catholiques. Les correspondants intermittents, qui envoient des nouvelles, des opinions…ainsi cette amie qui s’indigne de la libération de Michèle Martin. Quelle opinion se faire, dans des cas aussi extrêmes? Retournons à notre Montaigne, qui avoue ne pas aimer condamner les gens, et cela en une époque assez sanglante, où l’on commandait beaucoup…Il y a enfin, le vaste monde qui nous touche par sa lucarne, d’abord l’actualité belge, le soulagement de voir enfin un gouvernement constitué. Et puis, tous ces accidents, ces massacres, ces horreurs…Si c’est plus tranquille chez nous qu’autrefois, c’est le monde entier, aujourd’hui, qui nous touche. Heureusement, il reste toujours Montaigne.

Bref, une synthèse, écrite au gré de la plume, au gré du jour, au gré du vent…La respiration d’une vie. Vous avouerai-je que c’est le plus proche qui me touche le plus? Pourquoi donc, ce jardin, ces enfants, ce grammairien, ces voisins? Montaigne a bien du dire quelque chose là-dessus. Et puis, n’est-ce pas Voltaire, le Candide de Voltaire, qui disait: Cultivons notre jardin?

Joseph Bodson