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Francesco Pittau – Une pluie d’écureuils – Bruxelles – Carnets du Dessert de Lune – 32p – 6 €

On connaît Francesco Pittau grâce à ses nombreux livres pour enfants (plus de quatre-vingts !)illustrés par son épouse Bernadette Gervais. Tous plus créatifs les uns que les autres et souvent impertinents, comme Les interdits des petits et des grandsMeuh !CrottePipiProutOxiseauIl faut garder le sourire… publiés au Seuil, chez Gallimard et ailleurs.

Le présent opuscule est davantage destiné aux adultes. Il est parodie de ces ‘livres de sagesse’ rassemblant des sentences émises par des maîtres à penser de préférence d’origine asiatique ou orientale, livres plutôt à la mode en ces temps de morosité économique et sociale.

La dérision est ici corrosive. Les anecdotes qui situent les relations d’un disciple avec son mentor, Maître K’ong (peut-être descendant de King ?), éclatent d’un absurde libérateur. Ses paroles de vie, consignées avec vénération et alignées en anaphore puisque commençant toutes par la même proposition subordonnée, n’en ont pas moins de saveurs : « Quand tu rêves de rivières et de fleuves écumeux, surveille tes draps à ton réveil ».

Ou encore : « Quand tu rêves que tu es poète, c’est signe de maladie mentale » ou « Quand tu rêves que trois prêtres, trois imam, trois pasteurs, trois rabbins et trois moines bouddhistes forment une ronde sodomite, c’est signe d’apostasie aggravée », voire « Quand tu rêves que tu vas gagner le gros lot, c’est que tu rêves vraiment ».

Ce mini-traité d’interprétation des songes vaut donc son pesant de causticité. Et le rire qu’il suscite remet en place à la fois notre faculté de crédulité, notre naïveté face aux réalités, notre propension à vouloir trouver explication rationnelle à tout, notre besoin de nous moquer de nous-mêmes. Quel meilleur cadeau, peu onéreux, pour Noël ?

Michel Voiturier