Ardenne desilusion coverFranz EPPE,ARDENNE 1914 : La perte d’une illusion,  Sur les traces du peintre soldat  August MACKE, Weyrich, 2014

Il connaissait KANDINSKY, ERNST, DELAUNAY , APOLLINAIRE.  En 1937, ses œuvres, considérées par les  nazis « comme art dégénéré » furent saisies au même titre que celles de CHAGALL, DIX, KLEE, KOKOSCHKA. Heureusement, sa veuve, Elisabeth, réussit à sauver une grande partie de l’œuvre restée en sa possession.

Tous ces peintres nous sont connus. Mais, lui, August MACKE ?

Né le 3 janvier 1887 à Meschede (Westphalie), il devait recevoir une balle à la tête le 26 septembre 1914 lorsque son régiment, le 160 ° d’infanterie attaqua les positions françaises  au sud de Perthes-lès-Hurlus. Le corps n’a jamais été identifié et August repose dans une fosse commune du cimetière militaire de Souain. Il avait participé aux combats des 22-23 août, à Porcheresse, qui furent parmi les plus sanglants de cette guerre, et s’inscrivent dans le cadre des batailles des frontières.

Nombreux sont les artistes – pour ne prendre que les peintres et les littérateurs-qui ont laissé leurs os sur les champ de bataille, durant ces quatre années d’effroyable boucherie. Il a été écrit : « Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés ». Bien sûr, la phrase est  ici sortie de son contexte ; n’empêche, elle choque. D’autant que celui qui l’écrivit avait 41 ans lorsqu’il fut touché, qu’il était déjà un « épi mûr » alors qu’August n’avait que 27 ans. Que n’aurait-il donné ?

On assiste par ailleurs au parcours d’un artiste qui, partant d’une perspective idéaliste, du caractère éducatif et moral de la guerre va vite déchanter en découvrant le quotidien, à l’inverse d’ailleurs d’un Ernst JÜNGER…..

Ce livre est d’autant plus précieux qu’il est écrit par un Allemand habitant en Belgique,   faisant appel aux témoignages des soldats allemands, belges, à ceux des civils aussi. On apprécie son sens de la mesure, l’absence de grandes emphases déclamatoires, la reconnaissance aussi de ce qui ne peut être nié.

Les documents cités en fin de livre sont aussi des plus riches pour guider notre réflexion belgo-allemande sur « ce qui s’est passé »…..

Michel WESTRADE

                                                                                     29 novembre 1914