Guy Beyns – Couronné de silence – éd. L’Arbre à paroles – 75 pages – 9 €

 

Le silence…Ce silence qui donne leur poids aux mots. Silence-roi, couronné, qui permet le recueillement, l’écoute et l’émergence de la poésie, en équilibre sur la vie et la mort (corollaire inévitable qui en fait tout le prix).

Dans ces textes d’une grande sobriété et d’une grande sensibilité, l’auteur nous offre, non un parfum, mais l’essence de la poésie, sans fioritures inutiles. Ce «solitaire ombrageux» «se repaît de mots» qui disent l’amour de la vie, l’angoisse devant le temps qui passe, et puis, l’éternité, hors vie et mort.

Déchiré, tiraillé, il «charbonne le ciel / d’injures intérieures» car, «comment vivre serein / la trame de l’orage /et nier le duel / de l’âme et du corps / ou la danse sauvage / de l’oiseau et du chat / quand le monde se noie »… Il n’en sait toujours rien. Et qui peut le savoir?

La souffrance et la mort sont intrinsèquement mêlées à la vie : les chèvres bêlent sous le couteau, le taureau meurt dans la lumière andalouse. En même temps, «la peau de l’arbre / le martinet dans l’air / l’orbe des pipistrelles / le vol des libellules…» Tant de merveilles à voir !

Reste au poète à «vermiller les mots», «chercher le vers parfait» pour dire simplement que «le monde est un miracle / qui aurait mal tourné», résumant dans ce vers tout simple en apparence la complexité de la vie/mort, du bonheur/malheur, indissolublement liés. Et à décréter dans le poème qui clôt le recueil : «couronné de silence / le sage mâche / la lenteur du granit / au ventre minéral»…

D’un ventre ménestrel, ce chant venu des entrailles de la terre, c’est un beau chant de méditation qui nous est offert là.

 

Isabelle Fable