Hélène Dorion, Recommencements, , récit, Druide, Montréal, Québec, 2014

Recommencements, écrit-elle sur la couverture. Au pluriel, bien sûr.

Hélène Dorion nous a habitués à son écriture fine comme une lame de couteau. C’est que, depuis l’enfance, sa vie fut traversée d’épreuves, physiques comme affectives.

L’auteure, qui a vu paraître plus de trente livres dans une quinzaine de pays, est l’un des écrivains majeurs du Québec. Essentiellement poète, elle donne, ici, à lire et à entendre, un récit émouvant, imprégné de réflexions sur des événements douloureux : rupture, deuil, maladie, déception… Elle en dégage des lignes de forces dont elle capte l’essence spirituelle pour en éclairer sa propre existence, mais aussi la nôtre, pour identifier, reconnaître et bercer contre elle sa capacité à se mouvoir en accord avec les éléments, l’évolution des sentiments. Résister, se battre, selon Hélène Dorion, favorisent les cassures supplémentaires. Accepter ce qui nous traverse s’avère, selon la poète philosophe, l’une des voies les plus sages pour éviter l’effritement de l’être, sa dissolution.

Éloge de l’affection (Fenêtres sur l’amour), célébration de la beauté du monde et de l’écriture (Il faut souvent abandonner l’idée que l’on se fait d’un livre pour laisser place à celui que l’on doit écrire.), méditation sur les valeurs (La clairière de l’être), … ces pages, nées d’une nécessité intérieure, baignent dans l’aura poétique de l’auteure de Passerelles et poussières.

Comment ne pas devenir la victime impuissante des malheurs qui nous atteignent ? Cette question, Hélène Dorion se la pose à elle-même, mais elle nous la tend aussi pour que nous en prenions conscience et mesure et pour que nous tâchions d’y répondre par la voie la plus humaine.

Si l’auteur a trouvé son la et peut écrire, finalement, Tout dans l’éphémère [qui] danse avec moi, elle ne prétend jamais avoir acquis la réponse unique et universelle. Ce faisant, elle nous a aidés à changer notre regard sur le désastre et à croire en nos propres capacités de résilience. Ainsi l’être comme le monde ne peuvent qu’en être profondément sauvés.

© Béatrice Libert, ce 14 septembre 2015.