Hommage à Jean Rathmès,(1909-1986) – Mémoire wallonne n°16.Société de langue et de linguistique wallonnes, 2013. Place du XX Août, 7, 4000 Liège. Destin exemplaire que celui de Jean Rathmès: issu d’une famille de mineurs, grand lecteur, c’est dans un camp de prisonniers en Allemagne qu’il fera la connaissance de prisonniers français férus de théâtre. Il était né à Boncelles, et passera une bonne partie de sa vie à Seraing, où il avait trouvé un emploi dans la police. Comme l’écrit Guy Fontaine dans son avant-propos, Rathmès est sans doute celui qui a donné – dans sa poésie et son théâtre – l’image la plus forte de cette cité industrielle qu’est Seraing et de la vie de son ‘p’tit peupe’. « Basse vôye », « Li Bat »i ou « Lès hoûlâs d’ zos lès steûles » en sont autant de témoignages forts. rathmès Et, dans une première partie de l’ouvrage,  Marc Duysinx va s’employer à remettre cette œuvre dans son contexte, en détaillant les nombreux auteurs sérésiens qui ont précédé ou entouré l’œuvre de Rathmès: Le wallon à Seraing et ceux qui l’ont illustré, une étude qui viendra certainement à point à ceux qui ztudietont la littérature wallonne dans le bassin liégeois. Jean Brumioul, de son côté, fait porter son étude sur Jean Rathmès, dramaturge, en le plaçant, en compagnie de Marcel Hicter et d’Albert Maquet,  dans les meilleurs auteurs qu’ait connu le théâtre wallon dans la seconde moitié du 20e siècle. Sa première pièce, Priyîre po dès vikants, est un drame familial. Mais c’est avec la seconde, Baclande, que commence sa grande période. Sens de la construction dramatique, analyse psychologique poussée, et un thème récurrent chez lui, celui de l’absence, tels sont ses caractères principaux. Viendront ensuite Li p’tit sôdâr L’ôr è l’île ou L’ouhé d’ crustal, Lès convwès d’Paris, A diérin vikant, d’autres pièces encre dont Basse Vôye dont l’interprétation par les Walfrans de Neupré devait remporter la coupe du Roi Albert en 2013. Le climat de cette pièce tient à la fois de la Cour des Miracles et des romans populaires de Paul Féval; mais avec un accent sérésien très marqué: cela s’explique bien sûr par les origines familiales et le métier de Jean Rathmès, grand lecteur au surplus de Hugo et Zola. Jean Brumioul caractérise très bien sa production théâtrale, qui comprend aussi plusieurs pi§ces radiophoniques(p.43):  On ne peut que rassembler en bouquet les mots utilisés pour caractériser sa production: rigueur, analyse, densité, profondeur, humanité…Toutes notions exprimées dans une langue qui coule de source et ne manque pas de style. Guy Fontaine commence son évocation de Jean Rathmès, poète, par ces mots:Jean Rathmès…un écrivainn qui aurait dû être un ouvrier. Certes, Jean Rathmès n’a jamais renié ses origines. Et plus loin, ce trait très juste: Le souffle d’un Hugo. Et les traits vifs, précis d’un Jean Donnay plutôt que les formes appuyées d’un Paulus pour illustrer cette curieuse relation de je t’aime moi non plus, d’attraction-répulsion que l’on peut ressentir devant cette beauté sauvage, cette violence et cette force qui attire vers les rougeurs des nuits dans les banlieues  industrielles comme elle attire sur les flancs des volcans. Les procédés, en effet, sont bien ceux qui attiraient les romantiques, et tout spécialement Victor Hugo; la répétition d’un vers qui revient comme un refrain dans Pière (p.47), le goût pour les formes anciennes, et spécialement celles du Moyen-Age, des vers très courts parfois, comme les pratiquait aussi Hugo. Cela donne quelques poèmes qui sont de parfaites réussites, dans leur mélange de pure simplicité et de profonde connaissance du métier, comme dans Absince (décidément, un thème qui parle beaucoup à Rathmès), p.70: Dji n’ pou dwèrmi qwand vos n’èstez nin là. Si Rathmès est surtout connu en tant qu’auteur dramatique, ses œuvres poétiques sont certes à revisiter – d’urgence. Et cette étude vient on ne peut plus à point.