Jean-Baptiste Baronian, Le Paris de Simenon, éditions Alexandrines, 104 pp, 8,90 €.

Ne vous fiez pas aux apparences…Un petit livre, une collection, Le Paris des écrivains…format bloc-notes: on pourrait croire qu’il s’agit là d’un guide de Paris parmi d’autres, un pense-bête pour touristes pressés. En fait, il s’agit de bien plus que cela: une petite perle, et je pèse mes mots.

Jean-Baptiste Baronian, qui est président de l’association internationale des Amis de Georges Simenon, et certainement l’un des meilleurs connaisseurs du père de Maigret – il a tout lu, tout vu, tout entendu – nous livre ici la quintessence d’une érudition qui n’a rien de livresque, ni de poussiéreux. Il a le don rare, chez les experts, de laisser tomber ce qui est sans intérêt réel, pour s’attacher seulement au vécu réel de son personnage, sans cacher ses failles ni ses côtés parfois un peu fuligineux. Il en résulte ce petit livre, où l’intérêt ne faiblit jamais, où nous suivons Simenon au fil de ses rêves de jeune reporter liégeois – Paris n’est pas le moindre -, de son travail acharné en tant que journaliste, de ses éditeurs successifs, car il a bien sûr le sens des affaires, de ses conquêtes féminines (ah! Joséphine Baker!), de son amour des rivières et des bateaux…bref, un Simenon on ne peut plus vivant. Mais ce n’est pas tout: nous pouvons aussi prendre ses personnages en filature, depuis les quartiers chics jusqu’aux banlieues ouvrières, au gré de rues bien typées – même s’il s’y mêle parfois des noms inventés, ou quelques rares « erreurs », car à la Libération bien des noms furent modifiés. Il y a bien sûr la liberté du créateur, sa fantaisie, parfois aussi sa distraction (Umberto Eco relève ainsi qu’Alexandre Dumas situe le domicile d’ Aramis, dans les Trois Mousquetaires, rue Gassendi, alors que ce savant a vécu bien longtemps après lui…)

Laissez-vous tenter: un grand week-end à Paris, en compagnie de Simenon (et de Baronian), une autre façon de voir la Ville Lumière…Vous en reviendrez éblouis.

Joseph Bodson