Jean Botquin, Les épousailles des ombres, deux cents haïkus, éd. du Cygne, 2013, 80 pp, 11 €.
On se rappellera la prédilection de Jean Botquin pour les haïkus. On se rappellera aussi qu’il attachait une importance toute particulière à son précédent recueil, qu’il considérait comme le sommet de sa carrière. Cependant, celui-ci n’a rien à lui envier. Le lecteur y trouvera, à côté de brèves notes évoquant l’un ou l’autre objet, comme c’est la loi du genre, d’autres notations plus austères, et qui ne vont pas sans rappeler un certain goût, chez lui, pour le désert, la solitude, le silence: ainsi, p.34:

Maints pins parasols

Couvrent les caveaux brillants

Au soleil d’azur.

et, page 35;

Sarcophages blancs

Allongés côte à côte

Dans l’ocre des roches

L’image de la mort semble ici prégnante, mais elle n’a rien d’horrible ni d’effrayant. Au contraire, c’est une image de paix qui semble s’en dégager, avec le soleil, les couleurs atténuées, kle silence, encore le silence:

L’érotisme, bien sûr, est lui aussi au rendez-vous, comme dans Quatorze instants d’azur sur une île, avec des images fortes, évoquant les fruits, les fleurs, les gestes de l’amour.

Et l’image finale est celle d’un départ, d’un silence:

Des haïkus aussi

S’envolent oiseaux migrateurs

Aux ailes repliées.

Un très beau recueil, à lire, à méditer; à prendre, à laisser, pour y revenir quelquefois, et s’en pénétrer.

Joseph Bodson