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Jean C.Baudet, Les cinq élémentspoèmes, avec des aquarelles d’Anne Claire, 26, avenue de l’Amarante, 1020 Bruxelles.

Des poèmes – un poème – qui sont en même temps une réflexion philosophique et Jean Baudet rejoint ainsi, au-delà du temps, la démarche des présocratiques pour qui la pensée et la poésie étaient soeurs jumelles, l’une soutenant l’autre.

Ainsi le verrons-nous, p.14, jouer avec les couleurs, la valeur transformatrice du feu, Le feu où éclatent toutes les couleurs..Relevons également, à la même page, cette belle évocation d’Aristote: Et ce fut la gloire et le destin pesant d’Aistote Stagirite, suivie d’un véritable hymne à l’éther: L’éther chassa les mythes, mais les muthes reviennent/L’éther chassa la rêverie, mais les rêves sont tenaces/L’éther chassa les lois, mais les législations se reforment/L’éther chassa l’espoir et la mélancolie, mais de nouvelles nostalgies s’installent…

Dirons-nous que Jean Baudet retrouve le style, les formules des premiers physiciens grecs qui, comme Héraclite et Empédocle, étaient aussi des lyriques – un lyrisme qui va de l’image brève de l’aphorisme à l’ampleur de la célébration? Il est en tout cas de taille à réaliser cette gageure, car il y a chez lui, à côté de la connaissance scientifique approfondie, une force de conviction, un sens de l’image et du rythme, qui en font aussi un poète. Et puis, cela tourne brusquement, et c’est une vision très pessimiste qui terminerait ce petit livre s’il n’y avait, dans les deux dernières lignes, un nouveau retournement, celui du stoïcisme : Oui, le monde est ainsi, et la recherche ne nous apporte que souffrance. Mais si c’était cela, justement, notre dignité d’hommes et la seule joie qui vaille de vivre, la lutte, à mains nues, avec la souffrance?

Joseph Bodson