Jean-Hubert Mabille, Des vagues à l’âme, roman, Les éditions namuroises (tél. 081/4.30.93), 290 pp, 18  €.

Voici donc le quatrième et dernier volume de cette saga familiale entreprise par Jean-Hubert Mabille, cousin du politologue bien connu, Xavier Mabille, auquel sont d’ailleurs consacrées quelques pages d’un portrait pris sur le vif.

Les milieux décrits ici sont généralement, ici, des milieux populaires ou de classes moyennes, les personnages variés, imbriqués dans des circonstances familiales parfois douloureuses. A l’actif de l’auteur: une grande culture (les citations, très nombreuses, émaillent le texte, parfois au détriment de l’action), une conscience morale très éveillée, mais qui s’appuie sur un refus de juger, de condamner: plutôt comprendre, d’abord, un certain charme de jeunesse. Mais quel dommage (je l’ai déjà signalé à propos des livres précédents) que tout cela se noie et se perde un peu dans les sables de digressions bien trop nombreuses et trop longues, et de jeux de mots cultivés à l’excès! Il y a là une sorte d’eutrophisation, de richesse mal maîtrisée qui nuit à l’aisance du récit et à la description, parfois très réussie, de scènes de la nature. Ainsi, au début de la page 23: Chaque enfant a son histoire et ses rêves. Impossible de les dire tous; deux ou trois seulement. Ils ne sont inscrits sur aucune fiche administrative, bulletin scolaire ou dossier médical. Ils sont beaux, inattendus, fabuleux, parfois pétrifiés, venus du fond d’un puits noir ou alors magiques, lancés à la poursuite d’une étoile mystérieuse.

Ces quelques lignes, un grand écrivain serait heureux de les avoir écrites. Il s’agit là de ces lignes données, et non cherchées. Données sans doute par la fréquentation assidue d’excellents auteurs. Jean-Hubert Mabille devrait s’inspirer de quelques livres courts, comme le Silence de la mer, Antarès, de Marcel Arland, les livres de chroniques de Jacques Chardonne. Mais bien sûr sans renoncer à son génie propre, et les mots wallons qui émaillent son discours sont bien savoureux. Bref, comme le disait le bonhomme La Fontaine, c’est le fond qui manque le moins.

Joseph Bodson