gillesJean Lemaître, La révolte des Gilles de Binche, roman, Audace-La Roulotte théâtrale, 140 pp, 15 €.

Un groupe de vieux copains se retrouvent au vert, dans un café-restaurant de Vierves, microclimat de rêve, dans nos fagnes, pour évoquer les frasques de leur verte jeunesse…dans la foulée de 1968, à l’athénée de Binche..

Bien sûr, ils ont pris de l’âge et du poids, quelques-uns ont disparu, mais le souvenir reste vivace, au fil des évocations et des conversations. On rêvait de rien moins que de changer le monde, à l’époque, et les héros ont eu leur part dans le grand chambardement. Parmi les profs,  trois catégories: les hypocrites, pour qui tous les moyens étaient bons pour étouffer les espoirs, calmer l’agitation; les braves, qui assistaient en souriant aux affrontements divers; et les amis, qui approuvaient d’un clin d’œil…Premier accrochage: la création d’un journal, l’Alambic, à l’existence précaire tout autant que sa distribution. Et puis, la mixité de l’enseignement…une dure lutte. Avec, au milieu de tout cela, la découverte de l’amour, de la politique, de la vie. Le Vietnam est à la une, et après avoir dû chercher un autre athénée – celui de La Louvière – le héros continuera à se montrer disponible pour les luttes à venir.

L’auteur a su dépeindre avec beaucoup de réalisme et d’intuition (peut-être aussi de nostalgie), la psychologie, les espoirs, les boires et déboires de  ces jeunes d’une génération qui allait être marquée par tous ces bouleversements. L’intérêt ne faiblit pas, au long du récit, et si l’on sourit parfois de la naïveté de ces adolescents, on ne peut que souhaiter à la jeunesse d’aujourd’hui de retrouver, sur leurs traces, le goût de certains idéaux qui semblent parfois un peu en berne…

Jean Lemaître, né en 1954, est originaire du Centre, professeur de journalisme à l’IHECS/Bruxelles.

 

Joseph Bodson