Jean Louvet, La souffrance d’Alexandre, théâtre, Lansman, 2014, 35 pp

Qui c’est, Alexandre? Vous, moi, tous les autres. Lui. Lui tout seul. Avec sa femme, ses enfants, ce couple d’amis avec qui ils comptent partir en vacances. Peut-être un peu plus conscient que les autres. Plus éveillé. Plus réaliste. Plus désabusé. Parce qu’on abuse de nous, tous. On nous abuse, et jusqu’à la corde. Tout est fait pour s’oublier, s’endormir.

Voyage intérieur.

 

Non, je ne suis pas triste.

Même pas.

Pessimiste?

Non. Vide?

Sans doute. Un peu. Parfois. Comme tout le monde.

 

Par quel bout

Reprendre les choses?

Repartir à zéro.

 

Vie mauvaise

Ou terne vie?

Après les périodes où se déroulent les luttes les plus âpres, les luttes les plus vives, il vient toujours un moment, des moments, de doute et de découragement, où les hommes, les plus convaincus même, se laissent aller, veulent profiter de la vie. Et il ne reste que les plus convaincus, tel Alexandre, pour voir dans le confort même, dans les loisirs que nous propose la société de consommation (rassurez-vous, elle n’est pas morte, celle-là. Elle se porte même plutôt bien), le pire ennemi: non pas celui qui écrase ou qui opprime, mais celui qui endort, sea sun sex, tranquillise. En regard, il reste toujours la vie, la vraie vie, avec ses luttes, sa solitude, la recherche désespérée, opiniâtre, de l’autre, de sa vraie personnalité, de l’amour, Comme un secret inavoué.

Il nous reste l’inquiétude. Alexandre partira. Même pas à deux. Avec ses amis. Mais l’inquiétude est dans ses bagages.

Notons, parmi les acteurs de la pièce, deux auteurs wallons, Jacqueline Boitte et David André.

Joseph Bodson