Jean-Luc Ancely, Ainsi sont-ils, contes et nouvelles, éd. Mols.

La peinture de batailles formait autrefois un genre à part entière, et elle a eu ses maîtres, Detaille, Charlet, Raffet. Les plus grands eux-mêmes, comme Delacroix, s’y sont risqués. Quant aux récits de bataille, ils tiennent, eux aussi, une grande place dans les romans: le début de la Chartreuse de Parme en est un des plus beaux exemples, Flaubert, Balzac, et bien d’autres à leur suite s’y sont exercés. Enfin, parmi les historiens de l’épopée napoléonienne, certains, comme le commandant Lachouque, Gilles Lapouge, s’y sont égalés aux meilleurs romanciers.

Vous me pardonnerez cet étalage d’érudition si je vous dis qu’il convient de mettre sur le même rang l’auteur du présent livre. Jean-Luc Ancely, ancien élève de Saumur, a fait carrière dans l’Arme blindée cavalerie. Il a notamment écrit  Waterloo. La marche à l’abîme. Ceux de ces contes et nouvelles qui touchent de près ou de loin à la guerre, à ses combats, ont le goût de la poudre, et une force d’entraînement surprenante. J’y songeais, au cours de ces vacances, en relisant Nez de cuir, qui est, pour moi, le plus beau roman de La Varende. Point n’est besoin d’être belliciste, ou Vieille France, pour reconnaître la qualité de tels récits. Ils sont là, ils existent, avec une force, et une beauté, parfois, indéniables.

Oui, on ne  saurait trop louer la vivacité, la clarté, la force de son style. Il est d’autant plus dommage qu’il se perde parfois dans des considérations qui ne sont pas essentielles au récit.

Cela ne signifie point, bien sûr, que je me rallie entièrement aux vues de l’auteur, ni que j’approuve une certaine hauteur vis-à-vis des femmes.

Les autres contes ou nouvelles, ou du moins certains d’entre eux, me paraissent un peu plus faibles, et un peu trop portés sur la morale en cette époque où, hélas, on se demande où elle va bien pouvoir se réfugier… Mais voilà que je m’y laisse prendre moi-même, au risque de me perdre dans les rangs des vétérans, laudatores temporis acti.

Le choix, pour illustrer la couverture du livre, d’un tableau de Caspar-David Friedrich, est particulièrement heureux, et adapté au titre de l’ouvrage: Ainsi sont-ils, définitivement, ceux-là qui affrontent les éléments déchaînés. Tels qu’en eux-mêmes l’éternité les changera, si l’éternité est toujours là.

Joseph Bodson