Jean Mineur, Lumière, poèmes, Editinter 2015.

Quand on lit un roman, on commence généralement à la première page et l’on termine à la dernière. Rares sont ceux qui vont voir tout de suite à la fin pour voir, savoir ce qui se passe. Avec un recueil de poèmes, il en va tout autrement: on peut vagabonder, sauter, revenir, etc. C’est ce que j’ai fait avec ce Lumière de Jean Mineur. Pour vous en parler, je prends justement le dernier poème, Art poétique, qui va nous éclairer: Donne au poème joie et bonheur,/évite la tristesse/Même si la douleur est vive. Cette joie, ce bonheur, cette tristesse à éviter, nous les trouvons tout au long du livre: qu’il s’agisse de L’éloge du jour: Voir se lever le soleil musicien/Depuis l’éveil des oiseaux/Aimer la blancheur des nuages/La transparence des sources, ou encore de Privilège d’enfance: Fraîcheur de source/Dans le secret de la rose/Sourire furtif/D’un rayon de soleil/Dans le miroir. Mais également, toujours à propos de son Art poétique, le poète écrit: Que le poème soit levier d’amour/Dans la quête de la voie,/Qu’il guide tes pas/Dans le règne du Bien. Cette quête, on la retrouve à chaque instant chez Jean Mineur, comme dans ses précédents ouvrages: le bonheur, la joie de vivre s’accouplent avec la recherche de ce qui nous dépasse, la recherche du Spirituel. Sans cette quête tout est néant: Une vocation de fleurs,/Œillet, rose, ancolie,/ Te guide au jardin de l’âme/Car tu es candidat/Au mystère du soleil/Dans l’accomplissement/De la promesse/ D’où naquit l’espérance… Le verbe guider, qui prend là tout son sens, est au présent, mais s’agit-il de l’indicatif ou de l’impératif? C’est au lecteur d’en décider. Dans spirituel, il y a rituel. Et, justement, aimer la vie suppose une attitude de tous les instants.

Cette tristesse, dont le poète nous disait qu’il convenait de l’éviter, elle est cependant évoquée dans l’ouvrage (in Méditation de l’être): Pourquoi les uns selon le bonheur?/Pourquoi les autres selon/La misère et le malheur?/Hasard de la naissance,/Tragédie de la violence. On ne peut oublier les douleurs de ce monde, et plus précisément nous dit l’auteur: Combien en ce monde/Connaissent l’entendement? La belle question posée là au regard de ce que nous montre l’actualité! Cet entendement dont Pascal nous dit qu’il est clairvoyant mais fin à côté de la volonté qui s’avère infinie mais aveugle. Cet entendement, il varie beaucoup d’un être à l’autre, hélas! En ces temps de folie que nous connaissons, tout cela reste à méditer.

Louis Delorme