Jules Boulard, Au revoir, facteur !, roman, Weyrich, 2013, 316 pages, 21 euros.

jules

Pas toujours à cheval sur le règlement, Antoine Pierlot, notre facteur ! Mais-au-delà de la distribution du courrier, du paiement des pensions, il y a « cette complicité du regard, de la main, du sourire, réservée à celui qui peut être le messager d’une joie, le porteur d’un bonjour venu d’ailleurs, celui que souvent l’on attend, ou que l’on redoute quelquefois, confident du meilleur et du pire » (p.54). Et voilà que le percepteur l’invite à prendre sa retraite, lui annonce la venue d’un nouveau collègue et lui demande de mettre ce dernier au courant de tout ! Le récit peut commencer, qui se déroulera avec en toile de fond les paysages ardennais et les métamorphoses du pays : nous sommes dans les années 67-68 et Antoine distribuera le courrier avec les tracts du nouveau parti wallon. Si, dès les premières pages, les personnages semblent assez convenus, qu’on ne s’y fie pas, ils vont  au fil des pages se dévoiler. Ainsi, la vieille Henriette Ledrut et  l’ancien gendarme Léopold Ferrand vont se révéler bien différents. Et notre facteur de se muer en détective, d’élucider des faits qui remontent à la seconde guerre mondiale : là, on le verra à la fois exorciste, défenseur de la veuve et de l’orphelin. Mais d’autres registres existent, comme celui d’un vieux livre avec lequel Antoine est revenu d’Allemagne, après sa captivité, comme celui de l’amour : on n’oubliera pas ce repas pris, le 1er janvier avec Julia, qui apparaît toute autre que la « collègue-potiche parfois un peu vipérine, qu’il avait classée…. dans la catégorie des insignifiances incontournables » (p.126). Et puis, il y a le stagiaire, Lionel Liétard et Perrine, la cabaretière du Bon Coin, qui reçoit des enveloppes grises contenant des messages anonymes. Les fils du récit vont se nouer au fur et à mesure que ces personnages montreront leur véritable personnalité.

Voilà un beau livre qui peut paraître sombre en cours de lecture avec la solitude de ses personnages, le dévoilement de leur caractère, mais dont les pages vont finalement trouver à s’éclaircir. Et ce qui finalement domine et reste, c’est un beau sentiment d’humanité.

 

Michel Westrade