Louis Savary, Ite missa est, aphorismes, Les Presses littéraires, 100 pp, 15  €.

On le sait de reste, Louis Savary ne recule pas devant la difficulté. Aucun obstacle ne le fait broncher, et dans son dernier livre, c’est à Dieu le Père lui-même qu’il s’ y prend. Cela nous vaut une série d’aphorismes étonnants, tonitruants parfois (le sujet s’y prête), distrayants, iconoclastes (serait-il opposé au culte des images?).

Ecoutez-le plutôt: Un jour j’ai imaginé un Dieu/aussi faible que les hommes/j’ai bien failli croire en lui.

De mes dialogues avec Dieu/je n’ai pu enregistrer/que mes questions

Quand Dieu a créé le monde/il n’a éprouvé aucune difficulté/à imaginer le Paradis/moi j’essaie encore

Dieu est partout/même sous le psavaryaillasson/il cherche la clef du Paradis

L’important pour Dieu/c’est d’être crédible/le pire pour l’homme/c’est d’être crédule

« Dieu voit tout./il entend tout/ Il sait tout. Il ne nous dit pas tout… »

J’en passe, bien sûr, et des meilleures. Je ne veux pas déflorer votre plaisir. Mais, s’il m’est permis de me faire l’avocat du diable, je dirais volontiers que cela ressemble parfois furieusement à une dispute entre propriétaire et locataire, peut-être à propos d’une clé (celle du Paradis, bien sûr).

Et si je voulais être rosse (mais je ne le suis pas), je prendrais la place de Dieu le Père pour proposer à Louis une partie de cache-cache, et je lui soufflerais, d’une voix fluette: Tu ne me chercherais pas, si tu ne m’avais déjà trouvé« .

Joseph Bodson