Luc Moës, Ambres. Abbaye de Maredsous, 5537 Denée

 

Etrange livre que celui-là, à la limite de l’inclassable…A la fois recueil (copieux) de poèmes en prose, et autobiographie. Des poèmes qui partent d’une annotation parfois minuscule, d’un élément de la nature oui de la vie quotidienne. Une autobiographie qui progresse au hasard des pages, dans le désordre, avec des temps forts, des pizzicati, des hiatus…Un ton compliqué, chantourné, une sorte d’euphuisme, dont on trouverait peut-être le modèle dans la correspondance de Mallarmé.

Un texte superbe, Ribambelle, beaucoup plus sobre, plus naturel: il boucle ici un thème qui est en lui le plus profond, congénital, né avec lui. Et l’on songe à certains textes de Bernanos, dans la Nouvelle histoire de Mouchette.

Il est continuellement occupé, dans Apostille, p.ex., à s’observer lui-même, à se rendre compte, à rendre compte à lui-même de ce qu’il est. Une enfance beaucoup trop préservée…tant de solitude jamais achevée…une mère engoncée dans sa propre angoisse. Le cloître, la famille: un sujet formaté à des règles étrangères. La blessure essentielle, reçue au temps de l’école du collège, et tpoit le reste qui en découle, avec seulement, qui nous sauve – et là il cite Distoïevsky : Le monde sera sauvé par la beauté.

Joseph Bodson