Magda Igyarto, Sens à vif, poèmes, La Bartavelle, 2013, 100 pp., 15 €. Ill. de l’auteure.
L’accumulation de rimes plates entraîne parfois une trop grande uniformité, mais elle joue aussi, parfois, comme une sorte de stimulant., donnant un rythme prenant, une sorte d’effet de litanie.
L’auteure utilise les mots, les phrases, un peu à la façon de ces béliers que les Romains employaient pour forcer portes et murailles. Chez Magda Igyarto,la répétition d’un vers à chaque strophe, l’accumulation de rimes identiques, les rimes internes, ou, comme à la page 24, le rythme continu, concourent au même effet,, et donnent à ses plaintes, à ses revendication, une grande force de conviction.
Avec toutefois un danger: celui d’une certaine monotonie, qui se marque surtout quand le sujet est moins dramatique, dans les passages intimes. Il n’empêche qu’il y a là aussi de belles réussites:
Il m’aura fallu du temps
pour comprendre le feu de tes colères que l’amour n’arrivait à éteindre et le terrible silence où les jours t’enfermaient
Il m’aura fallu du temps
pour comprendre ce que tes yeux si profonds si intenses trop sages et trop sérieux pour ton âge m’envoyaient comme message
Je n’ai rien compris
Mes souvenirs me transportent aujourd’hui
vers cette école
Je te dis au revoir Je te serre dans mes bras
un peu trop fort
Tu me regardes
tu t’étonnes
tes yeux interrogent mon émoi
Je te laisse derrière moi
toute immobile dans ton manteau de laine
Je m’éloigne