Martine Rouhart, Séparations, Ed. Dricot, 244p., 16€.

Le quatrième roman de Martine Rouhart a vraiment tout pour entraîner le lecteur et faire de sa lecture une manière d’apprentissage. Le pari est d’associer le lecteur à nombre de destins ordinaires. De  lui faire partager émotions et récits de vie.

Le titre, à lui seul, renvoie à nombre de séparations, deuils, lâchages, démissions … de ses personnages principaux.

Le lecteur suit ainsi l’histoire de  deux amies, Cécile et Anna, l’une Belge, l’autre Parisienne, et par incidences, celle de leur famille respective. C’est ainsi que nous entrons d’emblée dans les relations sentimentales, conjugales, amicales d’êtres attachants, de jeunes et,   de parents (Guillaume, Jacques, Gabrielle, Liliane) soucieux de l’avenir parfois fragile de leurs enfants.

Par le biais d’une écriture qui doit beaucoup à la psychologie descriptive et d’une intrigue qui s’ouvre aux villes et aux décors du monde, l’auteure arrive  à donner vie à des personnages bien de notre époque : on y croise l’univers d’un musicien (Robert, l’amoureux de Cécile), celui d’un médecin d’hôpital (Simon, le frère de Cécile) ; on y fait siennes les thématiques que la romancière injecte à sa fiction : le temps, la maladie d’Alzheimer, l’euthanasie…

L’on retiendra surtout ces beaux passages où l’amitié, le premier amour, la jalousie s’exercent au sein des relations. Luna (la maîtresse de Guillaume), Anna (la fille de Guillaume et Liliane), par exemple, illustrent à la perfection les tensions à l’œuvre au cœur des familles

Les destins des personnages ancrés dans la réalité du temps nous semblent dès lors proches et nous y sommes sensibles, tant la romancière réussit, au-delà des parcours croisés – au fil des divers chapitres -, à donner force et forme à ce qu’est la vie d’un être, sans cesse soumis à des séparations qui le forment ou le déforcent.

Elle a donc réussi son pari.

 

Philippe Leuckx