Maurice Des Ombiaux, Les Contes du Pays Wallon, CPE éditions, 2017.

Une petite rue schaerbeekoise, entourée fièrement par les avenues Maeterlinck, Verhaeren, Eekhoud et Rodenbach ou autres rues Van Lerberghe, Stijn Streuvels et Guido Gezelle rappelle avec discrétion la présence de Maurice Des Ombiaux parmi les vieilles gloires de notre littérature belge, francophone et flamande. Qui connaît encore à vrai dire ou lirait quelque volume parmi la centaine d’œuvres écrites par ce prolifique auteur, salué en son temps (1868-1943) comme « Le Mistral de Wallonie » ? Une plume magnifique, un don d’observation aigu et bienveillant à la fois, un humour délicieux, une passion illimitée pour le terroir et ses gens, fermiers, chasseurs, braconniers, artisans et ouvriers de l’entre deux-guerres, un précieux parfum de nostalgie, voilà autant de raisons d’ouvrir le recueil Les Contes du Pays Wallon, écrit en 1939 et réédité tout récemment par une maison française, installée dans le Berry et spécialisée dans le domaine des contes, légendes et coutumes régionales. Celui qui fut chef de cabinet du ministre des Affaires étrangères, Charles de Broqueville, durant la première guerre mondiale et qui, par la suite, devint un des plus ardents défenseurs de la culture wallonne, nous rappelle par sa manière la virtuosité stylistique d’un Lemonnier auquel il consacra un essai et la justesse du trait d’un Arthur Masson qui dut le lire et le dicter souvent à l’école avec le plus grand plaisir. Des contes tels que L’Horloger, Ziré Busette, Pailhe, Le Berger des étoiles, sont de véritables morceaux d’anthologie, pleins d’humour, de fantaisie ou de poésie et supportent facilement le voisinage d’un Maupassant ou d’un Henri Pourrat. Il n’est pas étonnant que l’auteur se soit attaqué aussi au genre du roman et ait écrit des œuvres marquantes comme Mihieu d’Avène ou Le Maugré qui lui ont valu, en 1929, le Prix Quinquennal de Littérature. Ce que le lecteur retiendra principalement aujourd’hui, c’est l’attachement de l’auteur à l’âme ou l’identité wallonne, à la beauté de ses paysages et de ses légendes, à la couleur si plaisante de ses dialectes, au caractère, en un mot, des habitants, qu’ils soient des bords de l’Ourthe, de la Sambre ou de la Meuse, un caractère à la fois têtu et tendre, taquin et jovial, toujours prêt à faire des tours au voisin et à manier l’ironie mordante comme une fourche qui retourne vertement la paille gâtée mais qui aime surtout la trêve des dimanches régnant au cœur du village et les toutes drôles ou mystérieuses histoires à échanger sous les étoiles de l’été ou au coin de l’âtre familier. Un régal de tranches légères du temps jadis sur la table trop souvent grave ou encombrée de notre quotidien…

Michel Ducobu