debackerMax De Backer, L’Amour est ecchymose car je suis bleu de toi, poèmes, Edilivre,166 pp.,15,50 €.

J’ai eu l’occasion, à plusieurs reprises, de dire ici tout le bien que je pensais des poèmes de Max De Backer. Je me sens d’autant plus à l’aise si je dois, comme c’est ici le cas, y mettre un certain bémol. Ce livre me semble souffrir en effet d’une sorte d’hypertrophisation: trop copieux, trop de textes, et, en conséquence presque directe, des textes assez disparates, un peu sucrés/salés, ou la profondeur côtoie l’anecdote ou le calembour. Et Max devrait suivre, me semble-t-il, le vieux précepte suivant lequel seul doit se dire en poésie ce qui ne peut s’émettre en prose. Un certain nombre de ces textes auraient gagné à être écartés.

Mais c’est là défaut de jeunesse: une source trop abondante vaut mieux qu’une autre à peu près tarie. De plus, le recueil renferme tout de même bon nombre d’heureuses trouvailles: ainsi, p.30, Le doute comme seule explication:

Je ne m’explique toujours pas/Pourquoi les jours se suivent/Combattent la routine au quotidien/Et pensent toujours à toi. (…)

p.65: Tram 94: J’ai dormi hors du temps/Beaucoup trop longtemps/Sans savoir où aller/Restant suspendu à je ne sais plus quelle attente/Qui n’est jamais venue. (…)

Ou bien encore, dans Mariage nocturne, p.91: (…) A la recherche du temps perdu/J’ai perdu trop de temps/Sans jamais avoir été/Même si aujourd’hui l’été est bien là/Comme si malgré les saisons/Il avait toujours été (…)

…et bien d’autres encore.

Bien sûr, nous attendrons avec intérêt le prochain recueil.

Joseph Bodson