Michel C.J.Westrade, Femmes, éd. Labelpages, 2014

Michel Westrade est co-directeur de la Revue de Jurisprudence de Liège, Mons et Bruxelles. Il a été président du Tribunal du travail de Tournai. Retraité, il prolonge avec brio la lignée des grands magistrats lettrés qui ont honoré la littérature française. Il n’est d’ailleurs pas un inconnu dans notre monde des lettres puisqu’il collabore régulièrement à la revue Reflets de notre ami Joseph Bodson. L’ouvrage qu’il nous propose est une manière de petit bijou écrit dans une langue délicieusement voluptueuse et qui témoigne de l’heureux homme qu’est l’auteur, amoureux des femmes et aimé d’elles. La nouvelle par laquelle débute l’ouvrage est finement agencée: elle se fonde sur la théorie que nous possédons tous un sosie quelque part dans le monde; en l’espèce, une jeune femme décalque d’une autre jeune femme aimée et morte. L’auteur en a tiré prétexte à une délicate histoire d’amour qui fera se souvenir le lecteur des émois de l’adolescence lorsque l’on n’osait s’approcher de l’objet aimé bien que l’on se sentît irrésistiblement attiré vers lui. Le flirt qui nous fait parer la personne aimée de toutes les vertus serait-il, comme on dit, la meilleure part de l’amour? L’auteur nous enseigne, sans s’en donner les airs, que l’amour n’est pas un acte seulement, mais un état d’esprit. Comme les vacances…On admirera la sensualité retenue de l’auteur, son doigté subtil, et jusqu’à ses hardiesses dans l’esquisse.

Elle était assise à la terrasse d’un café, sirotant son café. Elle était seule. Au-delà de ses genoux hâlés, ses cuisses évasées joignaient ce satin qui, étant comme le point final de son corps, eût dû être tenu celé, fontaine close, mais qui sans le vouloir s’offrait.

L’ouvrage se poursuit par des poèmes: De quelques châteaux en Hongrie et d’une guerre à venir; ils sont tout simplement somptueux. On dirait de quelque luxueux descriptif sur papier glacé de tableaux accrochés aux cimaises d’un salon d’exposition.

Sur les murs tapissés/De lourds brocards,/Des cadres ternis/Cernaient des toiles/Où des veuves alanguies/Ouvertes,/Aux longs voiles/De vagues translucides,/Des veuves aux cuisses lourdes,/Fermaient la main/Sur une offrande noire.

Cette plaquette est agrémentée de notes courtes et études diverses par François Jongen (alias Nicolas Blanmont), Marie-Clotilde Roose, Dorothée Kibik et ornée de reproductions et peintures de l’artiste Jean-François Van Haelmeersch.

Marcel Detiège