Michel CLIQUET, Fisterra Blues, carnet d’initiation d’un chemineau de Compostelle, Editions ACADEMIA, 206 pages, 19, 50 euros.

Michel CLIQUET possède l’art de nous faire partager son vécu : on le lit et en même temps, on l’accompagne dans son périple, sur la voie de Compostelle, « ce chemin initiatique… connu et pratiqué depuis l’Antiquité par une humanité aux préoccupations spirituelle et hermétistes ». On s’y trouve sensibilisé aux énergies, à leurs effets sur la force vitale.

Partir, seul, parcourir à pied une si longue route, participe d’un cheminement spirituel au cours duquel on fait l’expérience de la « petite mort » : « Pérégriner, c’est renoncer : j’ai renoncé à tout ». C’est qu’il faut ici, et c’est là l’enjeu du chemin de l’auteur,  « laisser mourir  et … abandonner l’essence de (sa) pensée, avant de renaître dans une nouvelle vie de l’esprit recréé ». Et, ce constat, dressé à l’issue du Camino : « Le silence et la solitude ne sont pas une punition, mais bien une joie, une grâce, une élévation ».

Qu’on ne s’y trompe pas : les préoccupations spirituelles n’excluent pas un chemin qui se veut d’humanité. C’est qu’il y a ici la famille des jacquets, la fraternité du chemin, toutes ces personnes rencontrées…. L’auteur ne s’évade pas du monde : « A ce jour, le nombre de visites de mon blog a dépassé les deux mille ». Nous sont aussi contées des préoccupations bien terrestres : erreurs de parcours, le dos qui fait mal, l’arrivée à l’étape « sur les rotules », le prix (parfois exagéré des gites) et la mercantilisation du Camino, toutes ces étapes qui nous sont données avec tant de vérité, de couleurs.

On apprécie par ailleurs les méditations du jour qui apparaissent soit au début, soit à la fin du récit de la journée. Enfin,  Michel CLIQUET a eu la bonne idée de clôturer son récit pas des annexes on ne peut plus enrichissantes : textes de Lanza Del Vasto, Landvaettir et autres. On y trouve aussi des conseils pour la marche (la marche afghane) !

Un livre non seulement pour tous ceux qui envisagent de faire le « chemin », mais pour ceux qui sont curieux de découvrir une étonnante expérience humaine et qui, sans avoir cheminé, sont amenés à réfléchir sur le sens de leur vie, de leur route.

  Michel Westrade  – 25 juin 2016