Michel Cornélis, Le silence de Cologne , roman, Weyrich,  La Traversée, 135 pages, 7, 9 euros

Au départ, il s’agit, à l’initiative de l’ASBL Lire et Ecrire Luxembourg,  de permettre à des adultes en démarche d’alphabétisation d’avoir accès à des littératures autres que celles pour enfants ou ados. Ainsi les éditions WEYRICH lancent-elles une nouvelle collection : La Traversée.

Les adultes débutant en lecture vont non seulement trouver des romans accessibles et de qualité, mais aussi rencontrer les auteurs. En l’espèce, Michel CORNELIS va travailler avec une trentaine d’apprenants de Lire et Ecrire et nous donner un livre qui est la septième version de cette synergie auteurs- apprenants.

Et c’est à nouveau ici un livre d’excellente facture à mettre à l’actif de la collection « La Traversée »[1], dont on doit préciser qu’elle n’est pas seulement destinée aux adultes en voie d’alphabétisation mais qu’elle présente un intérêt certain pour les lecteurs avérés[2].

Il nous est donné de découvrir Cologne en 1163 sous l’angle du microcosme de tisserands cathares et d’une église catholique toute puissante, pas très évangélique, loin s’en faut.  Ce récit est d’une actualité saisissante :  on y rencontre des antagonismes théologiques et sociaux d’une part,  des enjeux économiques d’autre part, les uns et les autres se conjuguant , tous ingrédients qui constituent le socle d’ évènements que connaît notre époque….  Ajoutons- y l’apparition d’une étonnante figure : celle de la religieuse Hildegarde. On  aura reconnu la grande mystique Hildegarde de Bingen. On se gardera d’oublier les belles et émouvantes figures, délicatement dépeintes,  de Mathilde et Sibylle, contreparties de figures masculines taillées au burin ou tracées à l’acide.

 

Une fois de plus, pari gagné pour la collection « La Traversée ». Et ce n’était pas chose gagnée en prenant un thème aussi complexe et délicat, ici développé de manière claire et précise, sans vain souci d’érudition. On ne peut que s’en féliciter à une époque où le gris se décline sur toutes les nuances….

                                                                                              Michel Westrade

                                                                                              28 avril 2015

[1] V. cette Revue, n° 38, décembre 2013 , la critique d’ « Anna » de Colette Nys-Mazure.

[2] On ajoutera que les personnes âgées y trouveront leur compte grâce aux grands caractères.