Michel Van den Bogaerde. « Métaphormes

Un vrai livre de poèmes signé Michel Van den Bogaerde. « Métaphormes  » (Le Coudrier, 2014, 80p., 16€). Photos de Joëlle Aubevert. Un premier livre de poèmes édité. L’auteur, par ailleurs peintre et graveur, grand amateur de musique, a publié trois livres, des récits à L’Encre du temps et aux Murmures des soirs. Le voici donc, à 65 ans, attelé à l’exercice difficile de la poésie. Le voici amené à évoquer les vacances, les bords de mer, ce que la mer lui donne comme moments et forces de vie, le voici enjoint à parler de soi et des métamorphoses de sa vie et de ses lieux d’enfance, au gré des changements (d’où le titre). Poèmes libres, poèmes versifiés classiques, petits récits poétiques : l’auteur alterne les formes pour signer des thèmes classiques : le passage du temps, l’effritement dû à l’âge, la nostalgie qui pointe, la mélancolie attribuée à certains lieux. Mais il y a, ici, un véritable travail poétique des images, un vrai creusement des lieux par un regard qui nettoie les clichés pour proposer la fraîcheur du perçu : *un marais vient au monde *les colères de l’eau/ se gravent sourdement *le vent se sèvre/ aux clochers des villages *le vent suce l’aile des mouettes *les toitures écroulées laissaient couler le ciel *dans un coin sombre/ la peur de devenir … Le meilleur du livre, nous le devons à cette description lucide, avouée, de la déperdition dont nous sommes à la fois les sujets et l’objet. « Les remous fébriles de la matière » disent assez les tremblements de l’être, une fois un certain âge passé. Je suis plus réticent aux formes imposées par la rime, quoiqu’il y ait, ici, un réel travail dans la scansion des sonnets et l’élaboration des belles images. La rime convenue, oui, sans doute. Mais faible réticence devant la belle « consolation » que ces poèmes apportent au lecteur avide de senteur « rêche », de « texture glabre », de « transparence d’autres vents ».

Philippe Leuckx