Monique Richardeau, Je n’ai pas oublié,  Monique Richardeau,  Ry del Vau no 10 à 5340 Gesves pour le prix de 17 euros. Tél 083 67 74 25

richardeau

Un récit de vie très simple, qui va droit à l’essentiel, en s’efforçant de ne rien laisser de côté, de ne rien masquer. L’auteure est très lucide et sait, à l’occasion, faire son autocritique.

Ses souvenirs nous ramènent à une époque bien révolue, avant la guerre de 1940, dans un petit village du Condroz namurois, Sorinne-la-Longue, proche d’Assesse. Elle passera en revue, au fil des années et de sa propre croissance, sa famille proche, puis plus éloignée, les voisins, et ainsi  presque tout le village. Cela forme un excellent document sociologique sur la vie dans la campagne namuroise au siècle passé, mais aussi un récit bien construit où l’émotion, la tristesse voisinent souvent avec le rire et l’humour.

Monique Richardeau est née dans une famille relativement pauvre, et cette pauvreté sera encore accentuée quand la guerre éclatera, et que le père se retrouvera prisonnier en Allemagne. Ce père, au caractère assez vif, s’était fait une réputation de communiste et même d’anarchiste. Ainsi, il se battra parce qu’on lui refuse son tour de glanage – la nourriture faisait gravement défaut. Il reviendra en mauvaise santé, aura de la peine à retrouver du travail en tant qu’ardoisier, et cette situation s’aggravera encore lors de son décès accidentel. Entre-temps, la petite Monique aura été mise en pension, à Marche-les-Dames tout d’abord, puis à Champion, et elle finira par décrocher le diplôme d’institutrice dont elle rêvait.

Seront évoqués au passage les réunions, le soir, à la maison, entre amis, les séances de musique, le grand-père sabotier, le soldat allemand qui l’emmène d’urgence en side-car à la clinique, lors d’une grave maladie. Le plus émouvant, ce sont les remarques cinglantes qu’elle s’attire au début de son séjour à Champion, parce que sa tenue – entendez son habillement – ne répond pas aux normes. Mais elle surmontera tous ces obstacles, et parviendra à s’épanouir dans le métier qu’elle rêvait.

Un beau témoignage, qu’illustrent de nombreuses photos.

Joseph Bodson