Microsoft Word - COUV-intim.docMonique Thomassettie, Mes intimismes. Mélange ouvert à deux battants, Bruxelles, M.E.0., 2014, 110 p.

 

Chez Thomassettie, vie et écriture ne font qu’un. En tout cas, imagination et existence fusionnent puisque la peinture s’ajoute aux mots. Dans ce livre, elle entrelace en effet ces deux pratiques artistiques et son ressenti quotidien. Elle, qui apparaît comme à la « recherche du savoir créateur», qui se définit comme une « condamnée à l’introspection », comme « un oiseau condamné à la solitude » et se trouvant « en état de méditation permanente », y mêle ses « vécus différents, d’amour, de créativité, de la même manière douloureuse qu’ils s’interpénètrent dans la  [sa ]  vie ». 

Les textes ici rassemblés le sont sous le signe de la fenêtre, donc de l’ouverture vers le monde soit qu’on le regarde à l’abri dans un immeuble, soit qu’on l’imagine calfeutré derrière les rideaux d’une pièce habitée. Car, parfois, « l’extérieur devenu intérieur » est alors « carrefour méditatif ».

Un des intérêts de ces proses brèves est la mise en mots du travail pictural. Un amateur d’art a rarement l’occasion d’entendre un artiste lui expliquer que, dans tel ou tel tableau, une partie est une réalité reproduite ou transposée et une autre est un pur ajout de l’imaginaire. C’est d’autant plus particulier que les œuvres choisies, figuratives, ont, notamment par leur technique de luminosité irradiée, des accointances avec le symbolisme et, par exemple, Odilon Redon. 

Attentive aux lumières et aux sons, Thomassettie aligne ses « miroirs biographiques ». Elle y adjoint la filiation. En effet, son livre se termine par un florilège de réalisations de sa fille Véronique. Et si présents que soient ses tourments intérieurs, elle nous laisse avec une vision optimiste pour nous et rayonnée d’une certitude espérée pour elle :

Funambule sur un rayon de lumière,

j’irai.

Corde raide.

Les ailes me reviendraient dans la chute.

Michel Voiturier